Résumé de la 39e partie n Tommy et Tuppence continuent à passer en revue les personnes se trouvant dans l'hôtel et leurs soupçons se portent sur Mr Bletchley... Oui. Mais je suppose que s'il était N. ou M. sa petite histoire serait parfaitement au point. — Sûrement. Dans les grandes lignes. Mais pour ce qui est des broutilles, c'est une autre paire de manches. On risque de se souvenir de trop de choses plus que ne s'en rappellerait un individu de bonne foi. Quelqu'un qui n'a rien à se reprocher ne peut pas te dire à brûle-pourpoint si telle partie de chasse s'est déroulée en 1926 ou en 1927. Il faut qu'il réfléchisse un peu et qu'il fouille dans sa mémoire. — Et, jusqu'à présent, tu n'as pas pris Bletchley en défaut ? — Jusqu'à présent, il a réagi de la manière la plus normale. — Alors, résultat négatif ? — Sur toute la ligne. — Bon, conclut Tuppence, à moi, maintenant, de t'exposer quelques-unes de mes petites idées. Sur le chemin du retour, Mrs Blenkensop passa par le bureau de poste où elle fit l'emplette de quelques timbres. Puis, s'engouffrant dans une des cabines téléphoniques, elle composa un numéro et demanda à parler à un certain Mr Faraday. Il s'agissait en fait de la procédure fixée pour les communications avec Mr Grant. Elle en sortit toute souriante et poursuivit sa route d'un train tranquille, s'arrêtant encore pour acheter de la laine à tricoter. L'après-midi était agréable, avec une brise légère. Tuppence maîtrisait de son mieux l'énergie coutumière de sa démarche pour s'en tenir à l'allure compassée qui correspondait à sa conception du rôle de Mrs Blenkensop : cette pauvre Mrs Blenkensop n'avait pas grand-chose d'autre à faire pour s'occuper que de tricoter – assez médiocrement – et d'écrire à ses trois fils. Elle passait apparemment son temps à leur écrire – même si, parfois, elle abandonnait ses lettres sans les avoir achevées. Tuppence remonta lentement vers Sans Souci. Comme la route se terminait en cul-de-sac à la hauteur du Repos du contrebandier, la maison du capitaine Haydock, il n'y avait pratiquement jamais de circulation, à part, dans la matinée, quelques camionnettes de livraison. Elle parcourut donc la suite des villas, s'amusant à noter leurs noms. D'abord Bella Vista, sans doute choisit par goût du paradoxe car la maison n'offrait sur la mer qu'un panorama des plus restreints alors qu'elle bénéficiait sur ses arrières d'une vue imprenable sur la masse victorienne d'Edenholme. Puis venaient ensuite Karachi et Shirley Tower. Il y avait encore Sea View – cette fois, c'était justifié – Castle Clare, bicoque qui n'avait rien d'un château, et Trelawny, établissement concurrent de celui de Mrs Perenna. Et tout cela s'achevait sur la masse brun-rouge de Sans Souci. (à suivre...)