Ce qui frappe au premier abord, ce sont les portes, trois portes blindées qui ressemblent furieusement à celles des nombreux coffres-forts cachés dans la Confédération helvétique. Mais, ici pas de trésor, rien qu'une centaine de demandeurs d'asile, logés dans un abri anti-atomique souterrain. Conséquence d'une politique restrictive mise en place sous l'influence de la droite populiste notoirement xénophobe, la Suisse s'est retrouvée totalement débordée face à l'explosion inattendue du nombre de requérants depuis un an. Organisée pour environ 11 000 arrivées annuelles, elle a vu débarquer l'année dernière près de 17 000 candidats à l'asile, plus du double de 2007. Résultat, pour loger cette majorité de jeunes hommes venus d'Erythrée, de Somalie, d'Irak, du Kosovo ou encore du Sri Lanka, la Confédération n'a eu d'autres choix que le système D : hôtels, «compactage» dans les centres d'accueil existants, délogeage des cas réglés... Mais cela n'a pas suffi. Alors, de nombreux cantons tels Vaud, Genève, Berne ou Neuchâtel se sont résolus à ouvrir les fameux «abris de protection civile», ces bunkers anti-antomiques hérités de la guerre froide, destinés à parer à une éventuelle attaque nucléaire. Chaque petite ville de la Confédération en possède, tombant désormais lentement en désuétude.