Les « lois Blocher » contre les étrangers ont été acceptées par une écrasante majorité d'Helvètes. Le message est clair : les étrangers venant du sud et des pays musulmans ne sont pas les bienvenus au pays des Alpes. Avec le vote de ce dimanche, la Suisse a choisi une des politiques d'émigration parmi les plus restrictives d'Europe. 68% des votants ont accepté la loi sur les étrangers et la révision de la loi sur l'asile. Résultat : la Suisse va accélérer les renvois des requérants d'asile indésirables et intensifier la chasse aux abus. Les Suisses ont aussi décidé de limiter l'immigration extraeuropéenne aux travailleurs qualifiés. Tous les requérants d'asile déboutés seront privés d'aide sociale et les étrangers en situation illégale qui ne coopèrent pas à leur renvoi pourront être détenus pour une durée maximale de 24 mois. Ou encore toute personne arrivant en Suisse sans papiers d'identité ou document de voyage valables et qui est incapable de fournir dans les 48 heures ces documents risquera de subir une décision de refus d'office. Premier heureux de ce tour de vis des politiques migratoires helvétiques : le ministre suisse de la Justice et la Police Christoph Blocher. Cet ultra radical, qui défend des thèses xénophobes, a fait de ce plébiscite populaire en faveur des lois sur l'asile et les étrangers une victoire personnelle. Pour ce chef de file de l'UDC (Union démocratique du centre), un parti anti-étrangers et islamophobe, ce vote permettra à la Suisse de mener une politique migratoire « responsable ». Après ce succès, le parti extrémiste de Christoph Blocher s'attaquera à coup sûr aux lois sur les naturalisations en durcissant les règles d'obtention du passeport pour les non-Suisses résidant dans le pays. Mais plus grave encore pour l'image de la Suisse, l'acceptation des lois sur l'asile et les étrangers met en danger la tradition humanitaire helvétique. L'image d'une Suisse gardienne des conventions de Genève et pays de la Croix et Croissant Rouge internationaux prend une sacrée couche. Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a regretté l'adoption d'une législation plus restrictive sur l'asile. Il se dit préoccupé par l'obligation faite aux demandeurs d'asile de présenter un passeport valable. « Nous sommes déçus, d'autant plus que les demandes d'asile sont à leur niveau le plus bas depuis 20 ans en Suisse », confie le porte-parole du HCR, William Spindler. Et d'ajouter : « La Suisse a adopté l'une des législations les plus restrictives en Europe et d'autres pays pourraient suivre. » Amnesty International (AI) a pour sa part annoncé qu'elle surveillera de près l'application des lois. L'organisation des droits de l'homme veillera notamment à ce que les promesses des partisans du 'oui', notamment envers les requérants qui n'auraient plus de passeport, soient tenues. Pour Amnesty International, il s'agit d'un dimanche noir pour le droit de l'asile en Suisse et en Europe. Parce qu'en France voisine, le vote helvétique est un signal positif pour la politique d'immigration prônée par Nicolas Sarkozy.