Résumé de la 8e partie n Le roi, comprenant que c'est sa femme qui a suggéré au plaignant sa défense, lui rapelle sa promesse et la somme de quitter le royaume pour la punir... Les servantes ne montrèrent aucun étonnement, car la reine les avait toutes mises dans son secret et elles avaient elles-mêmes versé le puissant narcotique dans les boissons qui devaient être servies au roi. La reine aussitôt leur fit enfermer son époux dans un coffre, qu'elle avait préparé à cet effet, et dont elle prit soin de garder la clef. Elle fit mettre ses autres effets dans de grandes malles, qu'on chargea à dos de chevaux et de mulets, et la caravane sortit dès l'aube, par la grande porte du palais, vers la maison que la reine avait fait acheter dans la ville. En y arrivant, les serviteurs déchargèrent tout le mobilier et la reine fit transporter dans sa chambre le précieux coffre. Elle prit sa clef, ouvrit, leva le couvercle. Le roi, sentant l'air du dehors, commença à bouger : puis, peu à peu il arriva à ouvrir péniblement les yeux qui se refermaient presque aussitôt. Cependant, l'effet du narcotique arrivait à sa fin et bientôt le roi put se secouer dans le coffre, étirer ses membres engourdis et ouvrir entièrement les yeux. Il regarda autour de lui : — Où suis-je ? dit-il. — Chez moi, dit la reine en allant vers lui et l'aidant à sortir du coffre. — Ce ne sont point là vos appartements, dit-il. — Non, dit la reine, car vous m'avez chassée de votre palais. — Mais pourquoi suis-je avec vous ? s'inquiéta le roi. — Sire, dit la reine, êtes-vous en état de vous rappeler ce que vous m'avez dit hier ? — Naturellement. — En ce cas, rappelez-vous. Vous m'avez enjoint de quitter le palais, mais vous m'avez permis d'emporter avec moi, en sortant, ce que j'avais de plus cher, n'est-il pas vrai ? — En effet, dit le roi. — Mais ce que j'avais au palais de plus cher c'était vous. Le roi ne put s'empêcher de penser qu'une fois de plus sa femme avait montré une intelligence peu ordinaire. Il fut en même temps très touché de cette marque d'amour qu'elle lui donnait ainsi. Il donna l'ordre de recharger sur les bêtes le mobilier et les objets précieux que la reine avait pris et de tout remporter au palais. — Sire, dit la reine, si vous le permettez, nous allons tout garder dans cette maison, car tout ce que j'ai emporté c'était pour votre service. Ainsi, quand vous serez fatigué des lourdes charges qui pèsent sur vous, vous pourrez venir ici les y oublier et, si vous le désirez, j'aurai grand plaisir à y venir aussi avec vous. Le roi et la reine, suivis d'un long cortège de serviteurs et de bêtes non chargées, revinrent au palais. Ils y passèrent désormais des jours heureux, jusqu'à ce qu'il plût à Dieu de mettre une fin à leur vie. Machaho.