Résumé : Avant de mourir, ma grand- mère Zahra me confia une enveloppe à l'intention de mon fils aîné, et dont il ne devait prendre connaissance qu'à l'âge adulte. C'est- à- dire après ses 18 ans. 51eme partie Je la pleurais beaucoup ainsi que mes enfants et Hacène qui l'adoraient. Mais la vie étant ainsi faite, je me rendais à l'évidence. Nul n'est éternel, et chacun partira au moment prévu. Ma mère demeura à la ferme jusqu'à la fin du deuil. Elle était affligée elle aussi par la perte d'une belle-mère exemplaire sur tous les bords. Mon père qui dépasse maintenant les soixante dix ans, eut bien du mal à se remette du choc. Il était l'aîné de la famille, et avait toujours vénéré ses parents. Par contre, pour mes oncles et mes cousins, le coup était bien moins dur. Chacun avait ses préoccupations, et ma grand- mère ne les voyait presque pas. Pourtant, ils allèrent jusqu'à faire la remarque à ma mère quant aux dernières volontés de ma grand- mère, qui m'avait légué tout ce qu'elle possédait. Ma mère saura leur fermer le bec. Elle usa des arguments des plus logiques à ce propos et considéra les domestiques bien plus proches de ma grand-mère que ses propres enfants, ceux qui pourtant vivaient sous le même toit qu'elle. Depuis ce jour, aucune remarque ne vint troubler notre quiétude. Je décidais de garder la chambre de ma grand- mère Zahra telle qu'elle l'avait elle- même laissé. Avec son décor ancien, ses rideaux épais, ses tapis traditionnelles, et ses bibelots en poterie. Je fais appel à Saliha pour tout remettre en ordre, et en fin de compte, je ne décidais de prendre avec moi que les photos, et les bijoux qui restaient dans le coffre. Les jours et les mois se succèdent. Le deuil de grand- mère était déjà bien loin. Elle repose désormais dans sa tombe en haut de la montagne juste à côté de mon grand- père. J'avais insistais tant et si bien qu'on avait fini par accepter de l'enterrer auprès du patriarche. J'étais peut- être la seule à savoir, que mon grand-père avait voué un amour sans limite à ma grand- mère Zahra qu'il respectait et consultait sur tous les sujets. D'ailleurs de son vivant, il aimait à répéter à qui voulait l'entendre, qu'après sa mort, seule Zahra pourra respecter ses volontés. Et c'était vrai. Cette dernière avait toujours marché sur ses traces, et sermonnait quiconque la contredisait, ou lui reprochait d'agir comme grand- père. Avec sa disparition, un pan de ma vie à la ferme s'écroulait. Je n'avais plus de raison particulière de m'y rendre. D'ailleurs, hormis les enfants qui aimaient passer parfois le week- end avec leurs cousins, nous nous y rendions de moins en moins moi et Hacène. Fini les temps où grand- mère nous préparait ces plats succulents dont nous raffolons. Fini les vacances d'hiver ou de printemps que les enfants attendaient avec impatience pour aller se blottir dans le giron de la grande-mémé et écouter des histoires qui n'en finissent pas. Fini cette tendresse surtout qui m'unissait à elle. Cette tendresse et cette complicité qui nous ont toujours caractérisé moi et grand- mère Zahra, à tel point que nous faisions des envieuses. C'était elle qui savait essuyer mes larmes et me consolait alors que je n'étais encore qu'une petite fille qui tenait à peine sur ses pieds. C'était elle qui coiffait mes cheveux et les tressait avant de me prendre dans ses bras pour me bercer. C'était elle qui m'attendait à la sortie de l'école primaire et me préparait des goûtés exquis. Tous ces souvenirs remontèrent des profondeurs de ma mémoire pour se loger dans mon cœur. C'est toujours triste de perdre des gens qu'on aimait. Hacène me soutint dans ces moments difficiles. Il tenta de me consoler de mille et une façons. Mais son chagrin à lui aussi était des plus visibles. Il n'avait pas connu mon grand-père. Tout juste s'il avait pu le rencontrer à deux ou trois reprises avant notre mariage, et une fois ou deux après. Mais grand- mère Zahra, était pour lui comme sa propre grand- mère. Il l'aimait beaucoup et la respectait et elle le lui rendait bien. Y. H.