Résumé de la 1re partie n Les commandes de son avion ne répondant plus, Bruce Steel est contraint de se jeter en parachute. Tout lui paraît hostile en dessous de lui... Des sauts en parachute, Bruce Steel en a fait des dizaines et il n'a jamais éprouvé la moindre difficulté ni la moindre appréhension. Il sautait sur un sol plat et dégagé, tandis que là il ne sait absolument pas où il va atterrir. Il risque de tomber sur une arête rocheuse, de s'y briser les jambes ou pire encore. Son parachute peut être accroché par une aspérité quelconque et il peut se retrouver pendu dans le vide. Mais il ne peut rien y faire. C'est purement et simplement une question de chance. L'endroit où il se dirige est près d'un sommet et relativement plat. C'est au dernier moment qu'il se rend compte que le sol est très inégal, avec de grosses pierres un peu partout. Il se prépare au choc, raidit ses membres, ce qui ne l'empêche pas de ressentir une violente douleur à la jambe droite. L'instant d'après, il roule à terre. A demi-assommé, il se lève en titubant. Pour se laisser retomber aussitôt : sa cheville droite refuse de le soutenir. Il en comprend la raison en retirant sa botte : il y avait glissé, conformément au règlement, un colt 45 qui doit permettre au pilote de survivre en cas d'atterrissage forcé. C'est le choc de l'arme au moment de l'impact qui a causé sa blessure. Il se rend compte aussi qu'il a eu beaucoup de chance : le coup aurait pu partir et traverser la jambe. Bruce Steel fait la grimace et pas seulement à cause des élancements douloureux qu'il ressent dans son pied. De la chance, il n'en a pas tellement ! Au moment du départ, il a négligé d'emporter la ration de secours réglementaire qu'il aurait dû avoir sur lui. Il s'était dit que, pour un vol de routine, ce n'était pas la peine. Il a eu tort. Il entreprend de faire l'inventaire de ses poches. Outre le colt et son chargeur, il possède un couteau, trois plaquettes d'allumettes et son portefeuille. Il ouvre ce dernier et en extrait la photo de Vicky. Il a conscience, en cet instant, que c'est son bien le plus précieux. Elle lui sourit de son sourire inimitable, comme si elle lui disait : «Je suis là. Ne t'en fais pas. Tout ira bien.» Il n'a pas sa ration de survie, il a presque aussi bien que cela : une raison de vivre. Pour Vicky, il ira jusqu'au bout de ses forces, au-delà même ! Il s'entend dire, dans le silence extraordinaire des sommets : — Je vivrai, Vicky, je vivrai ! Il se rend compte en même temps des conditions extrêmes dans lesquelles il se trouve : l'air est glacé et rare, il a le souffle court et le cœur qui bat très vite. Il doit être à environ quatre mille mètres. C'est une altitude où la survie est aléatoire. Il lui faudra absolument descendre dès qu'il pourra. En attendant, il ne doit pas rester ici. Il sait qu'avec la nuit le vent va se mettre à souffler et que la température va baisser encore. Il doit trouver un abri. Les instructions de survie lui reviennent en mémoire : une fois à terre, défaire le parachute, le plier et le garder avec soi. Il pourra servir à la fois de couverture et de vêtement. Il remet la photo de Vicky dans son portefeuille et entreprend de plier grossièrement la toile blanche. Puis, se traînant sur les genoux, il explore les environs et finit par trouver une petite cavité. Il entortille sa cheville dans un bout du parachute et se recouvre avec le reste du tissu. Il est si éprouvé qu'il sombre tout de suite dans le sommeil. (à suivre...)