Dispositifs n De nouvelles mesures, alliant identification et prise en charge des catégories sociales vulnérables, sensibilisation et sanctions, ont été prises. Les représentants de la société civile, de la Protection civile, de la direction des affaires religieuses et de la sûreté de la wilaya de Chlef ont opté pour un recensement général de tous les mendiants de la ville. Cette mesure a pour objectif d'identifier aussi les sans domicile fixe et les malades mentaux. Loin des mesures théoriques, les communes ont été, à la faveur de cette décision, appelées à mettre en place des comités communaux en vue de prendre en charge cette catégorie. La Direction de l'action sociale (DAS) locale a, au préalable, pris le soin de réaliser un documentaire sur les personnes établies sur la voie publique, comptant exclusivement sur les dons pour survivre. Les raisons évoquées par ces dernières tournent toutes autour de leur situation sociale en mettant en relief, notamment, le chômage prolongé. Mais le recours à la mendicité peut aussi être entraîné par l'éclatement de la cellule familiale, un handicap ou une maladie mentale. Il n'en demeure pas moins que ces causes ne sont pas les seules à encourager la hausse constante de cette adversité. C'est ce qu'ont déclaré les spécialistes de la Direction de l'action sociale de la wilaya de Constantine, qui déplorent «une certaine complaisance des institutions concernées par la lutte contre cette pratique». En 2008, la DAS de cette wilaya a recueilli 90 personnes dans les rues qui, faute de revenu et à cause de l'éloignement de la famille, font de la mendicité leur métier. Des plaintes ont, par ailleurs, été déposées contre des parents qui exploitaient leurs enfants en les poussant à mendier. A l'issue de cette action, pour le moins inhabituelle, six enfants âgés de 1 à 15 ans ont été retirés à leurs parents dans cette ville. Les victimes ont été placées dans des établissements pour enfants assistés, sur décision du juge des mineurs. Le phénomène a, donc, atteint un degré à la limite du supportable d'où la décision de la DAS de constituer une équipe chargée d'effectuer des tournées régulières à travers les quartiers. Leur rôle est de sensibiliser et de porter assistance aux personnes souffrant de troubles psychologiques. Dans cette même perspective, la wilaya de Tizi Ouzou a lancé, au mois de novembre dernier, une enquête pour l'identification des personnes de cette catégorie. Ce travail d'investigation, bien qu'il englobe les sans domicile fixe (SDF) et autres personnes se trouvant en détresse ou en danger moral, a ciblé plus particulièrement les mendiants. Selon un bilan provisoire, arrêté à la mi-janvier par les autorités de la wilaya, pas moins de 71 adultes et enfants s'adonnent à la mendicité. Dans ces statistiques figurent 14 mineurs et 48 femmes dont 32 utilisent leur progéniture pour solliciter la charité des citoyens. Les enquêteurs n'écartent pas, cependant, «l'hypothèse d'un parrainage de ces mendiants par des tiers». Les responsables de la DAS de Tizi Ouzou comptent, en outre, emboîter le pas à leurs confrères de la wilaya de Constantine. En plus de la prospection qui va se poursuivre en vue d'établir les besoins des mineurs «en situation de rue», ils évoquent la possibilité de saisir le juge des mineurs au sujet de certains cas.