Résumé de la 62e partie n En raccompagnant Tommy au sans souci, le capitaine Haydock commente la relation de la belle Sheila avec l'Allemand Karl... Faites attention, conseilla Mr Meadowes, il arrive juste derrière nous. — Je m'en fous qu'il entende ce que je dis ! Et même j'espère bien qu'il l'a entendu. En fait, j'aimerais bien lui botter les fesses, à l'ami Karl ! Un Allemand qui se respecte doit se battre pour son pays – et ne pas débarquer ici comme un voleur pour se tirer des flûtes ! — Eh bien, dit Tommy, ça fera toujours un Allemand de moins pour envahir l'Angleterre. — Vous voulez dire qu'il est déjà sur place. Ha, ha ! Meadowes, elle est bien bonne ! Remarquez que je ne crois pas un mot de ces bruits à la gomme sur une invasion. Nous n'avons jamais été envahis, et nous ne le serons jamais. Il nous reste encore la Marine, tonnerre de Dieu ! Sur cette profession de foi patriotique, le capitaine Haydock embraya brutalement. Et sa voiture bondit dans la côte, plein cap sur Le Repos du contrebandier. Tuppence arriva à 2 heures moins 20 à la grille de Sans Souci. Abandonnant l'allée principale, elle fit le tour par le jardin et pénétra dans l'hôtel par la porte-fenêtre du petit salon. Un parfum de ragoût, sans doute de l'irish stew, flottait dans l'air. On distinguait un murmure de voix et le cliquetis de couverts frappant de la porcelaine : la population de Sans Souci se concentrait sur le repas de midi. Tuppence attendit dans le petit salon d'avoir vu Martha, la serveuse, traverser le hall et entrer dans la salle à manger. Puis, ses chaussures à la main, elle grimpa l'escalier. Elle s'en fut à sa chambre, enfila ses mules et, à pas de loup, se glissa dans le couloir, puis dans la chambre de Mrs Perenna. Elle commença par jeter un coup d'œil circulaire et se sentit envahie d'un certain dégoût. Moche, ce genre de travail. Un travail sans excuse si Mrs Perenna se révélait n'être qu'une banale Mrs Perenna. Fouiller dans des affaires personnelles... Tuppence se secoua, d'un mouvement vif et impatient qui eût pu être celui d'une adolescente : c'était la guerre ! Elle commença par la coiffeuse. L'examen du contenu des tiroirs fut vite expédié. Un des tiroirs du grand bureau était fermé à clé. Voilà qui paraissait prometteur. Le Service avait confié à Tommy un petit outillage d'un genre particulier et lui avait appris à s'en servir. A son tour, il avait donné quelques leçons à Tuppence. Il ne lui fallut que quelques habiles mouvements du poignet pour que la serrure cède. S'y trouvait une cassette renfermant vingt livres en billets, des rouleaux de monnaie et une boîte à bijoux. Et puis des masses de papiers. C'était ça qui intéressait Tuppence. Il fallait les parcourir à toute vitesse, se contenter d'un regard rapide. Elle ne pouvait pas s'offrir le luxe de s'y consacrer davantage. (à suivre...)