Un autre devin célèbre des Berbères est H'a Mîm. Selon les sources arabes, il avait pour surnom Abû Muh'ammad (il aurait donc eu un fils nommé ainsi) et son père s'appelait Abû Khalaf Mann Allah. Quant au curieux nom de H'a Mîm, il est tiré du Coran, plus exactement des deux lettres mystérieuses, H. M. , qui figurent à la tête de certaines sourates. Il était issu de la grande tribu berbère des Ghomara et c'est dans cette tribu, plus exactement dans les environs de Tétouan, au Maroc, qu'il a commencé à prêcher vers 925. On ne connaît pas grand-chose de la vie de H'a Mîm ni de sa religion. Les quelques renseignements dont nous disposons, proviennent essentiellement de l'historien arabe al Békri, un auteur sunnite qui ne cache pas son hostilité à l'hérésie et qui, par conséquent, n'est pas objectif. H'a Mîm se prétendait prophète et se disait envoyé par Dieu pour réformer la religion musulmane que les Arabes avaient altérée. Il composa, en berbère, un Coran où figure notamment, d'après al Bekrî, la profession de foi suivante : «Il n' y a de Dieu que Dieu…Je crois en H'a Mîm, en Abû Khalaf et en Tangit.» Abû Khalâf (ou Abû Yaklûf) était le père de H'a Mîm et Tangit (ou Tanqit) sa tante qui était, toujours selon al Békrî, une magicienne. La sœur de H'a Mîm, Dadjdju ou Dâbbu, était également une magicienne et les fidèles sollicitaient son secours.