Histoire n La Kabylie célèbre aujourd'hui le 29e anniversaire du Printemps berbère. Depuis les événements du 20 avril 1980, qui ont éclaté à la suite de l'interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri sur les poèmes kabyles anciens, à l'université de Tizi Ouzou, la revendication identitaire a enregistré des avancées remarquables dans son long et douloureux chemin pour la reconnaissance de cette autre composante de l'identité nationale qu'est l'amazighité du peuple algérien. La revendication a connu trois moments forts et décisifs qui sont les événements du 20 avril 1980, le boycott scolaire qui a eu pour résultat l'intégration par l'ancien Président, Liamine Zeroual, de la dimension amazighe dans la définition de l'identité algérienne (dans la Constitution) et les événements du 18 avril 2001 appelés «Printemps noir», qui ont coûté la vie à 126 jeunes de Kabylie, mais permis à la revendication amazighe, de faire un pas de géant par sa consécration comme langue nationale (article 3-bis de la Constitution). «Les choix de l'Etat dans la prise en charge de ce problème, répondent à des calculs de stabilité et à la notion d'équilibre politique», estime Abderrazak Dourari, chercheur et directeur au Centre national pédagogique et linguistique de l'enseignement de tamazight (Cnplet). Cette démarche répond aussi à la volonté de l'Etat, comme a eu à l'expliquer le Président Bouteflika dans ses discours, de soustraire tamazight – qui appartient à tous les Algériens – aux calculs politiciens et à tous ceux qui en font un fonds de commerce, car «tamazight n'est le monopole de personne». La prise en charge de cette revendication ne s'est pas arrêtée à l'article 3-bis de la Constitution. Des institutions ont été créées pour sa promotion sur tous les plans (culturel, linguistique, histoire…), à l'instar du centre géré par Abderrazak Dourari même si, selon lui, le Cnplet créé en 2003 par décret présidentiel, n'arrive pas à honorer ses missions pour un problème de classement. Le centre est, en effet, placé sous la tutelle du ministère de l'Education nationale et non sous celle du ministère de l'Enseignement supérieur, ce qui ne lui permet pas de faire de la recherche. Aujourd'hui, la Kabylie célèbre ces acquis et continue à réclamer plus pour tamazight à travers des activités et des marches organisées à Béjaïa et Tizi Ouzou notamment. Mais tamazight a surtout besoin d'être prise en charge par les chercheurs et les scientifiques pour la promouvoir et mettre un terme à l'anarchie ambiante où n'importe qui s'autoproclame chercheur, linguiste, réalisateur, ethnologue… mettant sur le marché des produits (à compte d'auteur) de piètre qualité. La mise en place d'une académie est, à ce titre, une urgence afin de mettre un peu d'ordre.