Résumé de la 2e partie n Quand Frédéric explique à ses compagnons son plan d'évasion, ces derniers, réticents au départ, sont prêts à le suivre... Quelques heures ont passé. Le militaire allemand et ses prisonniers ont débarqué à Königsberg et ont quitté à pied la ville en direction de la ferme, distante de six kilomètres. La route qu'ils suivent est déserte et ils se trouvent au milieu d'un petit bois c'est le moment. Frédéric Hofmann s'approche avec un parfait naturel de l'Oberleutnant et, de la manière la plus imprévisible, lui décoche un fantastique coup de poing. L'homme s'écroule, assommé. Sans hésitation, Hofmann décroche le poignard qu'il portait à la ceinture et le lui plonge dans le cœur. Le tout n'a pas duré plus de quelques secondes. Ses quatre compagnons se précipitent. C'est le seul moment durant l'évasion où ils vont jouer un rôle actif. Ils tirent le corps à l'intérieur du bois entreprennent de creuser un trou. Pendant ce temps, Frédéric Hofmann déshabille sa victime, revêt son uniforme et cherche dans ses poches l'ordre de mission. Le voilà. C'est maintenant que le stylo va entrer en action. Il s'est muni également d'un morceau de pierre ponce. Il a toujours été habile de ses mains. Il entreprend de gratter l'inscription «Königsberg» et de la remplacer par «Munich». Quand il a terminé, ses compagnons se sont acquittés de leur tâche ils ont enterré Molder et soigneusement recouvert l'endroit de branchages. On ne le retrouvera pas de sitôt, si on le retrouve un jour ! Frédéric Hofmann se contemple dans son uniforme impeccable d'Oberleutnant. Il est fier de lui et il peut l'être ! Même avec sa parfaite connaissance de l'allemand, il ne s'en serait pas sorti tout seul. Un militaire se déplaçant isolément attire l'attention. Il aurait fini par se faire prendre à un contrôle. Tandis que, avec quatre prisonniers arborant les grosses lettres KG, il se trouve dans une situation banale au possible. Il fait partie du paysage quotidien de l'Allemagne en guerre. Bien sûr, il reste la possibilité que quelqu'un de particulièrement scrupuleux découvre la falsification du document, mais il faut courir le risque. Une évasion sans risque, cela n'existe pas. Tout naturellement, ils retournent ensemble à la gare de Königsberg où un train est en partance pour Berlin. Frédéric Hofmann y fait monter ses compagnons en les houspillant dans la langue de Goethe, tandis que les autres râlent en français, provoquant des sourires chez les voyageurs : ils sont plus vrais que nature ! Un peu plus tard, la patrouille chargée des papiers, ne jette qu'un regard distrait à l'ordre de mission et le rend à l'Oberleutnant en claquant les talons. C'est sans le moindre incident qu'ils atteignent Berlin. Pour aller à Munich, ils doivent se rendre dans une autre gare et ils traversent à pied une partie de la capitale du Reich. Là encore, ils n'attirent pas plus l'attention que s'ils étaient transparents. D'ailleurs, ils croisent plusieurs groupes semblables au leur, avec un militaire allemand et ses prisonniers. Chaque fois, Frédéric ne manque pas d'adresser quelques mots aimables à son homologue, tandis que les prisonniers échangent des signes de sympathie. Les cinq hommes sont arrivés tout aussi facilement à Munich, et c'est alors seulement qu'ils ont connu des moments pénibles. Ils avaient décidé de gagner à pied la Suisse et ils n'avaient plus rien à manger. Ils se sont nourris de baies et de fruits chapardés dans les vergers. Ils étaient affamés et épuisés quand ils ont franchi la frontière, mais ils l'ont franchie et c'est l'essentiel. Par la suite, les quatre compagnons de Frédéric Hofmann sont rentrés chez eux. Lui a choisi d'aller dans un maquis et, à la Libération, s'est engagé dans la 2e DB. A ce titre, il a eu la joie d'entrer dans Strasbourg aux côtés du général Leclerc. Et le plus extraordinaire est qu'il portait alors les galons de lieutenant. Lieutenant, Oberleutnant : le même grade que celui qui lui avait permis de s'évader, mais sous son véritable uniforme, cette fois !