Élection n Les Sud-Africains votent, aujourd'hui, pour les quatrièmes élections générales et le candidat populaire et controversé, Jacob Zuma du parti de l'ANC, part favori. Le vote a débuté ce matin à 05h 00 GMT pour ce quatrième scrutin national depuis l'avènement de la démocratie, 15 ans après l'apartheid. Plus de 23 millions d'électeurs doivent renouveler l'Assemblée nationale et les Parlements provinciaux. D'humeur joyeuse, parfois équipées de chaises pliantes et de thermos de café, des dizaines de personnes avaient formé avant l'aube des files d'attente devant les quelque 20 000 bureaux de vote du pays. Le Congrès national africain (ANC), ultramajoritaire depuis 1994, fait figure de grand favori avec plus de 60 % des intentions de vote. Son chef Jacob Zuma, 67 ans, est assuré d'être élu président de la République par les nouveaux députés. L'arrivée du tribun zoulou à la tête de l'Etat mettra un point final à une crise politique née de l'affrontement entre ses partisans, appuyés par les syndicats et le Parti communiste, et ceux de l'ex-Président Thabo Mbeki. Ce dernier, renvoyé de la direction de l'ANC en décembre 2007, a été contraint de démissionner de la présidence neuf mois plus tard. Quant à Jacob Zuma, inculpé pour corruption quelques jours après son élection à la tête du parti, il a bénéficié d'un abandon du dossier deux semaines avant le scrutin. La décision a laissé un goût d'inachevé dans le pays, moins de la moitié des électeurs se disant convaincus de l'innocence du futur Président. La campagne a été dominée par ces démêlés judiciaires, au détriment des énormes enjeux économiques et sociaux. Invité surprise d'un meeting géant de l'ANC, dimanche, le héros de la lutte anti-apartheid et premier président noir du pays, Nelson Mandela, 90 ans, l'a rappelé au parti : «Notre première tâche est d'éradiquer la pauvreté». Plus de 43 % des 48,5 millions de citoyens de la première économie du continent vivent avec moins de deux dollars par jour. Le chômage frôle les 40%, et les emplois existants sont menacés par la crise mondiale. Le candidat favori a promis de lutter contre ces fléaux mais sa mission sera compliquée par le ralentissement de l'économie. Frappés de plein fouet, les secteurs minier et automobile ont déjà annoncé des dizaines de milliers de suppressions de postes. Au total, environ 300 000 emplois devraient disparaître en 2009. Les différents partis d'opposition ont bien tenté de capitaliser sur les échecs de l'ANC et les doutes entourant l'intégrité de Jacob Zuma, mais ils semblent condamnés aux seconds rôles. L'apparition en décembre du Congrès du Peuple (Cope), formé par des dissidents de l'ANC proches de Thabo Mbeki, avait suscité l'espoir d'une ouverture du jeu politique. Mais le parti n'a pas percé et n'est crédité que de 7 à 12% des intentions de vote. Quant à l'Alliance démocratique (DA), ancienne opposition parlementaire sous l'apartheid, elle peine à convaincre les électeurs noirs.