Forte d'une légitimité tirée de la lutte contre l'apartheid, l'ANC a remporté les trois élections générales depuis l'avènement de la démocratie en 1994. Le favori à la présidence en Afrique du Sud, Jacob Zuma, a tenté hier, à la veille des élections générales, de dissiper les inquiétudes liées à la promesse d'une victoire écrasante de son parti, le Congrès national africain (ANC). «Nous prévoyons une participation massive demain et nous pensons que le peuple de ce pays donnera à nouveau un mandat large et clair à l'ANC», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Johannesburg. «Nous utiliserons notre majorité avec responsabilité et nous ne foulerons pas aux pieds les droits des citoyens, ni n'obligerons les autres parties à se soumettre», a promis le chef de l'ANC. Forte d'une légitimité tirée de la lutte contre l'apartheid, l'ANC a remporté les trois élections générales depuis l'avènement de la démocratie en 1994. En 2004, le parti avait décroché plus de 69% des suffrages. Cette fois encore, l'ANC semble promis à une victoire écrasante. Un sondage publié hier dans le quotidien Beeld, le crédite de 67% des intentions de vote. Les différents partis d'opposition ont pourtant appelé les électeurs à se mobiliser pour priver l'ANC de sa majorité des deux tiers, bien que le parti n'en ait jamais abusé pour changer la Constitution. «Si l'ANC obtient deux tiers des suffrages et Zuma devient président, les conséquences seront graves», déclarait récemment Helen Zille, leader du principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA). Le Congrès du peuple (Cope), formé en décembre par des dissidents de l'ANC après des mois de luttes intestines qui avaient débouché sur le limogeage du président Thabo Mbeki a de son côté brandi la menace d'une «dictature». Les reproches de l'opposition ont été alimentés par les démêlés judiciaires du tribun zoulou et par les attaques lancées par certains de ses partisans contre les juges (qualifiés notamment de «contre-révolutionnaires») et les enquêteurs. Sans se prononcer sur le fond, le Parquet a abandonné début avril les poursuites pour corruption à son encontre, en raison d'«abus de pouvoir» commis par le chef de l'enquête. hier, Jacob Zuma a insisté sur son intégrité et nié que son image reste ternie par ce dossier. «Je ne traîne absolument aucune casserole. Je n'ai jamais eu de casserole», a-t-il martelé. Parallèlement, la Commission électorale mettait la touche finale à ses préparatifs, en prédisant une mobilisation massive des électeurs et un déroulement pacifique du scrutin. «L'ensemble des 19.726 bureaux de vote ouvriront à 07h00 (05h00 GMT) mercredi (aujourd'hui) et nous ne prévoyons aucune interruption ni accroc», a déclaré sa porte-parole Kate Bapela, selon laquelle plus de 20 des 23 millions d'électeurs inscrits se rendront aux urnes. Des policiers ont été déployés dans les zones considérées comme les plus sensibles, notamment la province du KwaZulu-Natal (sud-est), théâtre de violences politiques dans le passé, a-t-elle précisé. «Mais nous ne sommes pas inquiets. Nous sommes sûrs que les forces de l'ordre seront capables de maintenir la paix et empêcher tout incident», a-t-elle dit. En visitant les quartiers généraux de la Commission, le président sortant Kgalema Motlanthe s'est également réjoui «d'un niveau d'enthousiasme manifesté dans la campagne». Prédisant lui aussi une participation massive, il a ajouté: «Ces oiseaux de mauvais augure qui assurent que notre démocratie patauge vont être obligés de manger leur chapeau.»