La voie de la présidence est largement ouverte pour le controversé Jacob Zuma, candidat à la succession du président intérimaire Kgalema Motlanthe. Le Congrès national africain (ANC) a remporté les élections générales du 22 avril en Afrique du Sud avec une très large majorité, ouvrant tout grand les portes de la présidence à son chef, le populaire mais controversé Jacob Zuma. L'ancien mouvement de lutte contre l'apartheid a cependant échoué au seuil de la majorité des deux tiers dont il disposait depuis 2004, obtenant 65,9% des suffrages contre 69,7% il y a cinq ans, selon les résultats complets officieux de la Commission électorale. L'opposition a amorcé une recomposition, l'Alliance démocratique (DA) se renforçant à 16,68% des voix contre 12%, suivie par le Congrès du peuple (Cope), formé par des dissidents de l'ANC, avec 7,42%. La victoire de l'ancien mouvement de lutte contre l'apartheid conforte également le soutien à l'aile gauche, qui a évincé de la présidence du parti en décembre 2007 le chef de l'Etat d'alors, Thabo Mbeki. Cet ennemi politique de Jacob Zuma était contraint neuf mois plus tard à démissionner de la présidence de la République. La Commission électorale indépendante (IEC) devait proclamer officiellement les résultats en fin de journée d'hier. Jacob Zuma a prévu de s'exprimer dans la foulée. La victoire du tout puissant ANC n'est pas totale, contrairement à ce qu'avaient espéré les partisans de «JZ», puisque la majorité des deux tiers au Parlement lui a échappé. L'opposition avait fait campagne sur ce thème, campant Zuma en dictateur en puissance impatient de changer la Constitution. Au scrutin provincial, l'ANC a perdu le Western Cape (sud-ouest) au profit de la DA qui décroche 51,4% des suffrages. Héritière de l'ancien mouvement d'opposition blanche sous l'apartheid, la DA est la première formation à obtenir la majorité absolue dans cette province. L'ANC, ultra-majoritaire au Parlement national depuis les premières élections multiraciales en 1994, a en effet toujours dû lutter dans le Western Cape, seule région où les métis et non les Noirs constituent le principal groupe démographique. Il n'a cette fois recueilli que 31,5% des voix, contre 46% en 2004. Dans l'ensemble, le parti au pouvoir «a perdu des voix depuis les dernières élections en 2004, un fait qu'il devrait prendre en compte», conseillait hier l'hebdomadaire Weekender, relevant que la démocratie sud-africaine est toujours aussi dynamique avec un taux de participation de 77,3%. «Les Sud-Africains croient avec la même intensité qu'en 1994 au pouvoir du vote», se réjouissait-il. La presse comme les observateurs ont d'ailleurs salué le bon déroulement du scrutin de mercredi. L'Union africaine (UA) a qualifié ces élections de «libres et équitables» malgré quelques irrégularités. Face à la victoire annoncée de l'ANC, des milliers de Sud-Africains avaient commencé à célébrer dès jeudi soir cette quatrième victoire consécutive depuis l'avènement de la démocratie il y a quinze ans. Le Premier ministre britannique Gordon Brown avait déjà félicité Jacob Zuma vendredi, même si ce dernier doit encore recevoir l'adoubement formel du Parlement, lors d'une session extraordinaire le 6 mai. La prestation de serment est prévue le 9 mai. Le prochain gouvernement aura besoin d'un très solide soutien dans la difficile tâche qui l'attend avec 43% de la population sous le seuil de pauvreté et un taux de chômage frôlant les 40%.