Solution n Souvent associées à la social-démocratie et au nationalisme, les nationalisations constituent désormais une alternative pour les pays capitalistes. Certains ont déjà franchi le pas, alors que d'autres y pensent sérieusement. Il faut dire que la crise financière internationale a provoqué des dégâts qui ne peuvent être réparés que par les Etats tellement ils sont importants. L'on imagine mal, en effet, des privés faire face à la faillite d'une banque. Ainsi, après s'être longtemps contentés de jouer le rôle de régulateur de l'économie, des pays d'Europe et d'Amérique ont dû intervenir pour sauver des établissements financiers menacés de disparition. Ce fut notamment le cas de l'Islande qui a été contrainte, en octobre dernier, de prendre le contrôle des plus grandes banques du pays pour «maintenir la continuité des opérations bancaires commerciales». Pour ce faire, le Parlement a adopté une loi attribuant au gouvernement le droit de mettre les banques sous la coupe de l'Etat. Pour sa part, le gouvernement britannique a annoncé une nationalisation partielle des banques en difficulté. Quelque 65 milliards d'euros ont été dégagés à cet effet. Les gouvernements de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg ont dû, quant à eux, débourser 11,2 milliards d'euros pour éviter un dépôt de bilan à la banque Fortis. Idem pour l'Allemagne, qui a acquis 20 millions d'actions de la banque immobilière en faillite Hypo Real Estate (HRE) pour 60 millions d'euros, et l'Espagne qui a volé au secours de la caisse d'épargne de Castille-la-Manche (CCM). Sans aller jusqu'à la nationalisation, les Etats-Unis d'Amérique ont fait appel aux capitaux privés pour sauver les banques privées. Néanmoins, l'éventualité de voir Washington intervenir directement dans ce processus de sauvetage n'est pas définitivement écartée. «Pourquoi ne pas franchir le pas et nationaliser ?», a même suggéré le prix Nobel d'économie Paul Krugman. Outre cette vague de nationalisations, certains pays se sont retrouvés dans l'obligation de venir à la rescousse du secteur de l'automobile. Ainsi, la France a consacré 6,5 milliards d'euros pour la relance de l'industrie automobile. Alors que les Etats-Unis d'Amérique ont dû allouer aux constructeurs General Motors et Chrysler 17,4 milliards de dollars pour les sauver d'une faillite certaine. Sans être idéologiques, ces mesures sont destinées à combler l'absence de l'Etat du secteur économique. «C'est la preuve que le capitalisme a échoué», tranchent les défenseurs du socialisme qui sont plus que jamais convaincus que l'économie est l'affaire de l'Etat.