Moyen n Pour acheminer la drogue du Maroc vers l'Espagne, un simple «fantôme» suffit. Tel est le nom donné par les narcotrafiquants au zodiac de 5 à 6 m de long avec quatre moteurs et ce, pour éviter de prendre les risques avec de grandes quantités de drogue, mais aussi pour manœuvrer en toute facilité à la vue des gardes-côtes espagnols. Pour les longues destinations, c'est-à-dire vers les autres pays européens en particulier vers l'Hexagone, les narcotrafiquants utilisent des semi-rigides de 12 mètres de long et de 4 mètres de large avec quatre moteurs hyperpuissants appelé Go-fast (Aller plus loin, vite) et qui peuvent même échapper au radar. Selon la gendarmerie, une seule raison pourrait justifier la destination des quantités de drogue vers les plages de la partie est du littoral. Une fois abandonnées en haute mer, l'embarcation ainsi que la marchandise sont emportées par le vent de l'Ouest gharbi. Une vue aérienne prise sur le site Google confirme cette thèse dans la mesure où le littoral témouchentois est une grande baie limitée par la plage de Madagh du côté oranais. Aussi, la disparition des narcotrafiquants de l'embarcation a une seule explication chez les gendarmes : sauver leur tête à l'aide d'un autre Zodiac afin de ne pas être identifiés. Une fois la marchandise déposée et l'embarcation ramenée sur le lieu de départ, les narcotrafiquants percevront jusqu'à 350 millions de centimes. Une tonne de carburant peut être consommée sur toute la distance qui sépare les deux rives de la Méditerranée pour un temps écoulé de 36 heures. Vers l'Espagne, le parcours est moins long. Six heures seulement séparent les deux. Les barons pourraient avoir des ramifications dans toute la région de l'Ouest. D'ailleurs, plusieurs barons dangereux ont été neutralisés durant la même période alors que d'autres sont identifiés et activement recherchés. Pokémon, un jeune natif de Maghnia, impliqué dans une autre affaire de 600 kg de kif saisis à Oran, Abderrahmane 122 où encore Ramy sont des «princes de la drogue» identifiés par les services de sécurité. Ils ne cessent cependant, de défrayer la chronique. Durant les trois dernières années, la saisie de drogue effectuée par la gendarmerie sur le littoral témouchentois est estimée à 22,5 quintaux dont 17 quintaux en une seule prise lors de l'interception d'un yacht espagnol en 2006. Pour les quatre premiers mois de l'année en cours, la quantité saisie a dépassé les 40 quintaux avec cette saisie record de 26 quintaux qui se trouvaient sur le semi-rigide "Go-fast" tombé entre les mains de la gendarmerie de Aïn Témouchent, le 12 avril dernier. Et la mer continue de rejeter ce qu'elle a avalé. Puisque tous les jours les gendarmes font état de la découverte d'importantes quantités de drogue rejetées par la mer. Cependant, depuis 2006 la saisie globale y compris celle enregistrée à travers les différents axes routiers a atteint presque 9 tonnes dont la moitié durant les quatre premiers mois de l'année en cours.