Mensonges n Même le secteur de la communication, la presse en particulier, a fait les frais de quelques arnaques dont certaines sont de notoriété mondiale. En 1948, par exemple, un jeune présentateur radio encore inconnu, du nom de Orson Welles, faisait croire aux new-Yorkais que la guerre des mondes avait commencé. Sa voix était si persuasive au micro et ses intonations si graves et si justes qu'une bonne partie de la ville a plié bagage pour prendre le chemin de l'exode. Les embouteillages étaient tels que certains donnèrent lieu à des bagarres épiques. Alertés par la dimension que prenait son canular, Welles s'excuse auprès de ses auditeurs de cette gigantesque farce qui a failli tourner à l'émeute. Bien plus près de nous, en 2008, des journalistes belges de la station de Bruxelles montèrent un faux journal télévisé dans lequel ils annoncèrent la scission officielle du pays en deux, une partie pour les Flamands qui devenaient indépendants et une partie pour les Wallons. L'information de cette partition a tellement été prise au sérieux que le soir même des douaniers de la zone francophone se demandaient s'il fallait passer à la fouille les flamands de passage dans leur secteur. L'affaire fera évidemment grand bruit et le gouvernement d'union nationale sera interpellé par les deux chambres. Mais il y a pire en la matière, surtout quand des journalistes sans foi ni loi et donc sans aucune éthique, trompent leurs auditeurs en leur racontant n'importe quoi sur une réalité qu'ils n'ont jamais approchée. C'est le cas notamment de cet envoyé spécial d'une radio nationale française qui devait rendre compte des graves événements qui secouaient la Casbah et les quartiers chauds d'Alger dans les années 1950. Tous ses envois étaient faits à partir de sa chambre à l'Aletti, face à la magnifique baie de la capitale, avec sûrement un verre de whisky à la main. Sans avoir vu ou assisté au moindre attentat, il relatera «en direct» une vague explosion quelque part dans les rues d'Alger, les escarmouches sanglantes et bien d'autres sottises encore, souvent le fruit de son imagination. Ses mentors à Paris mettront du temps pour s'apercevoir que leur correspondant de guerre n'avait jamais bougé de sa place sinon pour aller acheter ses journaux – dans lesquels il puisait abondamment ses sujets – et ses cigarettes. Un autre journaliste, un Nigérian, mais tout aussi manipulateur que le précédent, sortira de l'anonymat du jour au lendemain grâce à ses reportages «sur le vif» sur la bataille de Beyrouth et la résistance héroïque du Hezbollah. L'audimat de Radio a grimpé si vite qu'on a voulu en savoir davantage sur ce brillant reporter. Et à force de chercher, on le trouve… caché au fond d'un placard d'où il émettait… ce qu'il voyait sur les chaînes satellitaires. Dans les années 1970, une annonce était publiée dans les quelques journaux qui existaient à l'époque afin de recruter pour le compte d'une agence internationale de presse basée à Bruxelles, des correspondants. Et pour donner à cette annonce toute sa fiabilité, il était demandé aux futurs candidats d'envoyer leur CV professionnel détaillé, deux photos et de déposer sur un certain compte la somme de 800 DA. Certains recevront au bout de deux mois une carte de presse dûment cachetée. L'agence s'était évaporée dans la fumée d'une immense arnaque qui a dû faire bien des victimes et pas seulement dans le continent africain.