Paysage n L'eau a brusquement rejailli des entrailles de Tifrit, à une trentaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Saïda, ressuscitant du coup de magnifiques cascades qui longeaient autrefois les parois sur plus d'une centaine de mètres. Ce spectacle imprenable, parfaitement visible pour les usagers de la RN6 reliant les wilayas de Saïda et Tiaret, ne peut laisser les amoureux de la nature insensibles aux charmes du panorama qui s'offre à leurs yeux, surtout en ces premiers jours de printemps. La nature a bel et bien repris ses droits à Tifrit. Aucune toile, même pas celle de maître, ne peut prétendre contenir la magie de ce paysage féerique et envoûtant, encore moins d'être en mesure d'immortaliser, selon certains touristes, la sensation de béatitude qui s'empare des visiteurs venus contempler l'œuvre du Tout-Puissant. D'aucuns suivent le trajet qui sépare, sur une trentaine de kilomètres rythmés par la monotonie des paysages steppiques uniformes et mornes, le chef-lieu de Tifrit, pour découvrir, tapie entre des collines, une oasis qui s'offre pudiquement aux regards fascinés par la beauté d'une végétation luxuriante, d'un vert flamboyant, composée essentiellement de chênes verts, de figuiers et de coquelicots, parsemés çà et là contrastant à merveille avec la couleur étincelante des cascades qui dévalent les parois d'un rouge-pourpre. C'est surtout en fin de semaine que quelques irréductibles se rendent dans cette région à l'état sauvage qui a su se prémunir, au fil des temps, des ravages causés par l'homme. Ils sont là, soit en quête de champignons comestibles ou quelques herbes médicinales ou, tout simplement, venus trouver le calme et la tranquillité sous les arbres qui offrent ombre et réconfort. Arpenter les sentiers sinueux menant jusqu'aux cascades est, sûrement une entreprise périlleuse qui relève parfois de l'exploit, mais c'est sans doute, soulignent certains «accros» de Dame Nature, le prix à payer pour pouvoir les approcher de plus près, apprécier ce décor magique et sentir la fraîcheur de l'eau qui vient mourir sur la roche comme pour perpétuer le combat opposant les deux éléments de la nature depuis des millénaires. Plus connues pour les natifs de la région sous le nom de M'chétète mah, les cascades de Tifrit se sont asséchées depuis les années 1990 en raison de la sécheresse qui a durement sévi dans toute la région sud-ouest du pays, selon la direction de l'hydraulique. La forte pluviométrie enregistrée, ces dernières années, et un contrôle très strict des ressources hydrauliques dans cette région, expliquent en grande partie la résurrection des sources qui alimentaient jadis ces cascades, ajoute-t-on de même source.