Une autre pratique cléromantique, également condamnée par le Coran est le maysir. Il est proche de la bélomancie (istiqsâm bi-al-azlâm) vue précédemment, mais alors que l'istiqsâm avait un caractère sacré, le maysîr était profane. Mais comme il a été condamné par le Coran, c'est qu'il devait avoir un rapport avec l'idolâtrie. En effet, comme le maysir servait surtout à affecter des lots de viande, on peut supposer qu'on y recourait principalement pour le partage des viandes provenant des bêtes sacrifiées aux dieux. L'interdiction peut provenir aussi du fait que ce jeu, qui passionnait les Arabes, provoquait, comme le vin auquel il est associé, des querelles et nourrissait les rancœurs. Selon les chroniqueurs, on choisissait une bête, on l'égorgeait, on la dépeçait et on la partageait, soit en dix parts selon certains auteurs, soit en vingt-huit, et on tirait les parts au sort. On utilisait pour cela des fléchettes contenues dans une pochette ou recouvertes d'un morceau de cuir. Les joueurs étaient appelés al-aysâr (pluriel de yasar) et les arbitres, qui présidaient le jeu, yâsirûn. L'arbitre tirait les flèches de la main gauche, sa main droite étant recouverte d'un morceau de cuir ou d'étoffe, pour l'empêcher de reconnaître, au toucher, la flèche. C'est sans doute parce que les flèches sont tirées de la main gauche (yusra) que le jeu a été appelé maysir.