Scènes n Habitués au portable dès leur jeune âge, les enfants et les adolescents sont devenus des as en matière d'exploitation des multiples fonctions et options de cet outil de communication. Pour le meilleur et pour le pire... L'un de ses mauvais usages les plus fréquents est, bien entendu, la vidéo à caractère pornographique… Souvent téléchargées initialement à partir d'Internet – auquel les adolescents ont un accès totalement libre –, ces vidéos d'une violence sans limite parfois font le tour de tous les portables des adolescents dans le quartier, à l'école, dans les cafés… Un exploit rendu possible grâce à la généralisation des portables multimédias équipés de la technologie «bluetooth» ou «infrarouge» qui permet un téléchargement et un transfert rapides de fichiers vidéo d'un portable à un autre. «Souvent, des ados viennent ici équipés d'un portable multimédia et d'un câble data pour télécharger des chansons, des clips de musique, mais aussi des vidéos à caractère pornographique. Moi, je ne peux pas les en empêcher ou les surveiller. Ils sont devant leur poste et ils sont libres de faire tout ce qu'ils veulent», nous répond le propriétaire d'un cybercafé à Alger à la question de savoir s'il est facile d'accéder aux sites interdits. Et comme preuve d'un certain laisser-aller, ou même d'une complicité, le gérant a pris le soin d'isoler les postes en utilisant des parois en contreplaqué. S'échanger ce genre de vidéos est devenu, auprès de nos adolescents, un prestige et une manière de prouver sa virilité et sa «puberté avant l'heure». Certains s'engagent même dans une concurrence avec leurs rivaux en essayant de télécharger, diffuser ou envoyer les vidéos les plus récentes, les plus violentes et les plus bizarres. «C'est à la mode ! Avant l'apparition du portable, chaque matin au lycée, les élèves, pour se distinguer ou se faire remarquer, racontaient la dernière blague. Aujourd'hui, c'est la dernière vidéo qu'on fait circuler», souligne un élève en 2e AS dans un lycée de la banlieue algéroise. Ce phénomène commence aussi à toucher la gent féminine relativement épargnée jusque-là. Cependant, et depuis quelque temps, des scènes pornographiques filmées par le portable où on peut voir des scènes de viol ou d'attouchements sexuels commencent à circuler en Algérie. «Ce sont des individus peu scrupuleux qui en sont les auteurs. Ils filment ces scènes en cachette, en forçant ou en rémunérant des gens pour figurer dans ces scènes qu'ils se chargent par la suite de diffuser», nous dit-on.