Scène n Le Professeur Keanow est la nouvelle production du théâtre national. Ecrite par la Danoise Karen Bromson, adaptée et mise en scène par Haïdar Ben Hocine, la pièce relate l'histoire d'une jeune femme qui, tentant de se suicider, fait la rencontre de l'amour. S'exprimant sur la pièce, le metteur en scène, Haïdar Ben Hocine, a fait savoir, lors d'un point de presse, hier, au Théâtre national, qu'il s'agit d'une adaptation. «Il n'y a aucun intérêt, à mon avis, à reprendre un texte tel qu'il est, intégralement, sans lui apporter une touche personnelle. L'intérêt, c'est bien de le retravailler, le réécrire de manière à recréer le jeu», a-t-il ajouté. Haïdar Ben Hocine a alors compris la nécessité de créer un langage nouveau et une scénographie. «Il est intéressant de travailler un texte, de le décortiquer, de l'inter-roger», a-t-il indiqué. Et de préciser : «à partir d'un texte, il faut mener un travail de recherche.» Interrogé sur le choix du texte, le metteur en scène a confié : «C'est un choix personnel». Et de reprendre : «Lorsque je choisis un texte, ce n'est pas parce qu'il y a, comme certains le prétendent, une crise de texte. C'est seulement pour être à l'écoute de la société, du public. Mon souci n'est pas de traiter les problèmes sociaux. Je ne crois d'ailleurs pas à l'idée que le théâtre est le reflet de la société. Si c'était le cas, j'apporterai un miroir sur scène et je demanderai au public de se regarder. Mon souci est de créer un contact avec le public, d'établir des passerelles intéressantes, et ce, par le biais du texte, de la scénographie et du jeu.» Haïdar Ben Hocine, pour qui un metteur en scène doit se mettre au service de la création, de la recherche, de la réflexion et de l'innovation perpétuelle tout en étant à l'écoute de son entourage (comédiens, public, critiques…), s'intéresse dans une pratique théâtrale à apporter quelque chose. «Mon but est de créer des sensibilités, provoquer l'imaginaire, créer des tensions, susciter des questionnements, dépister des tempéraments, mettre au jour des personnalités…», a-t-il fait savoir. Interrogé sur l'état actuel de l'exercice théâtral, Haïdar Ben Hocine est convaincu qu'il n'y a pas vraiment de crise de texte. «Il est vrai que certains, et ils sont nombreux, disent qu'il y a crise de textes, mais moi je suis convaincu du contraire», a-t-il souligné. «Ce qu'il y a vraiment, en revanche, c'est un manque de techniques dans la pratique théâtrale, tout comme un manque de méthodologie, d'où, d'ailleurs, la nécessité de privilégier la réflexion», a-t-il poursuivi. Et d'insister : «Il est grand temps aujourd'hui de provoquer des débats.» Cela revient à dire que la pratique théâtrale se fait de manière désuète et sur aucune base, alors qu'elle nécessite des techniques et des méthodologies. «La pratique théâtrale nécessite un savoir-faire et de l'expérimen-tation», a-t-il conclu.