Mémoire n Médéa, la terre qui a accueilli il y a plus de 150 ans un des symboles de la résistance nationale, Fathma N'soumer, et lui servit de sépulture provisoire jusqu'en 1994, lui a ouvert dernièrement ses bras, en hommage posthume à sa grandeur. Le colloque national, qui lui a été consacré la semaine écoulée dans la capitale du Titteri, a, en effet, rappelé à qui l'ignorait que cette personnalité nationale hors du commun aura, contrainte et forcée, vécu les six dernières années de sa brève existence dans cette région de l'Algérie. Faite prisonnière lors de ce qui sera sa dernière bataille contre les forces d'occupation françaises, en juillet 1857 dans sa Kabylie natale, elle sera transférée d'endroit en endroit avant qu'on l'établisse définitivement à El-Aïssaouia, dans la région de Médéa, où elle vivra sous le régime de la semi-liberté et se consacrera à la méditation et à l'enseignement jusqu'à sa mort naturelle en 1863, à l'âge de 33 ans. Force du destin ou accident de l'histoire, Fathma N'soumer, de son vrai nom Fathma Sid-Ahmed - (le nom de «N'soumer» remplacera en 1849 le nom de famille d'origine en référence au petit village de Soumer situé près de la ville de Aïn El-Hammam et qui servit de QG à la combattante) -emprunta, au cours de sa courte vie, un chemin qui semblait être «tracé d'avance». Un parcours à forte charge symbolique que les historiens et les chercheurs ont tenté d'en reconstituer les étapes en vue d'arriver à cerner cette personnalité, dont les origines remontent jusqu'à Si Ahmed Benyoucef El-Miliani, l'une des plus grandes autorités religieuses de la région du Dahra. Des sommets du Djurdjura, où elle vivait au moment même où les premiers soldats français foulaient le sol algérien, jusqu'aux confins du massif forestier d'El-Aïssaouia, où elle mourut en captivité, beaucoup d'évènements vont contribuer à mettre en avant ses atours «mystiques», d'incruster dans l'imaginaire collectif cette image légendaire qui lui vaut le respect de tous, y compris ses farouches adversaires, à leur tête le maréchal Randon. A en croire les chroniqueurs militaires de l'époque, c'est ce dernier qui renonça à l'exécution de Fathma, après sa capture, le 7 juillet 1857, à Soumer, quartier général de la combattante, sur les hauteurs du Djurdjura. L'idée, très répandue du temps où elle dirigeait la résistance, qu'elle était prédestinée, dès sa naissance, à une mission dont elle n'était que l'exécutante, est reprise, aujourd'hui encore, par nombre de spécialistes qui se sont intéressés de près à l'histoire de cette légende vivante. A l'origine de cette croyance, on trouve son penchant pour le côté «spirituel», dès sa plus tendre enfance. Elle fréquenta pendant de longues années, sous la houlette de Cheikh Mahdi Saklaoui, la zaouia d'Ourdja que dirigeait son père et où elle se fait remarquer par son intérêt pour les sciences théologiques et l'étude du Saint Coran, un savoir dont elle va se servir, plus tard, pour mobiliser les populations autochtones et faire front contre l'envahisseur. Par son courage et son esprit rebelle, Fathma N'soumer réussit à s'imposer sur l'échiquier militaire, alors qu'elle était ‚âgée de 23 ans à peine, et devint l'un des porte-étendards de la résistance dans la région du Djurdjura.