Procédé n Pour les sans-papiers algériens, le mariage avec un ressortissant français ou un résidant en France reste le seul moyen de sortir de la clandestinité. Il fut un temps où les Algériens ne demandaient qu'à obtenir un visa pour pouvoir s'installer régulièrement en France par la suite. «Monsieur le consul, laisse-moi faire entrer un pied en France et l'autre va faire le regroupement familial», affirmait l'humoriste Mohamed Fellag dans un de ses sketches. Il faut dire qu'à l'époque, les lois régissant l'émigration n'étaient pas rigides et il y avait toujours un moyen de régulariser sa situation. Mais les choses ont changé ces dernières années. La réglementation a été tellement durcie que les chances d'obtenir une carte de séjour en bonne et due forme sont devenues impossibles. Pour les sans-papiers algériens, le mariage avec un ressortissant français ou un résident en France reste le seul moyen de sortir de la clandestinité. «Même les vagues de régularisation qui intervenaient par le passé, ont été rayées du langage des autorités chargées de l'émigration. Aujourd'hui, si tu ne te maries pas, tu ne risques pas d'avoir tes papiers», souligne Omar, 42 ans, rencontré à la sortie de la gare du Nord, à quelques encablures du plus algérien des quartiers parisiens, Barbès en l'occurrence. Selon cet employé de la mairie de Paris, de plus en plus d'Algériens se marient avec des ressortissants français, «des personnes plus ou moins âgées dans bien des cas». «Personnellement, je connais deux jeunes qui ont épousé des femmes d'une cinquantaine d'années», poursuit-il. Et son frère cadet de faire remarquer que ces mariages sont parfois conclus moyennant argent : «C'est du donnant donnant, je t'aide à obtenir les papiers et tu me payes.» Même si elle est illégale, cette pratique est très courante, dit-on. Surtout à Paris où la plupart des sans-papiers travaillent au noir. «Pour eux, payer 5 000, 6 000 ou 7 000 euros n'est rien par rapport aux privilèges et aux avantages qu'offre la carte de séjour», commente Omar. Pour ceux qui ne travaillent pas, «c'est leur famille restée en Algérie qui se charge de leur envoyer l'argent nécessaire pour subvenir à leurs besoins en attendant des jours meilleurs». «Cet argent aurait pu être investi en Algérie pourtant. C'est malheureux d'en arriver là, mais bon», conclut Omar.