Scène n Dans le cadre de la 4e édition du Festival national du théâtre professionnel, les représentations théâtrales se poursuivent en off au TNA. Pour la journée d'hier, la coopérative Kateb-Yacine de Sidi Bel Abbes a présenté Louham (Mirage), une pièce adaptée du texte El-Hachim d'Abde El-Amir Shamikh par Hichem Boussehla et mise en scène par Ahmed Ben Khal. La pièce met en scène quatre personnages qui se retrouvent quelque part et nulle part - la scène est d'ailleurs dépourvue de décor. C'est un lieu vide et désolé. Rien ne laisse prétendre à une existence physique en mesure de nous renseigner sur l'endroit ou la situation. On ne sait pas si l'on est dans un monde, tel que nous le percevons, c'est-à-dire celui du palpable et du visuel, ou bien dans un hors temps et dans un hors espace, à croire que l'on est dans un au-delà, dans ce moment séparant la vie de la mort. Les personnages, comme échoués telles des épaves dans un lieu sans âme et sans vie, attendent un train devant emmener chacun vers sa destinée. Mais ce train tant attendu tarde à arriver - et il pourrait même ne jamais arriver. Ils attendent ; et, dans cette éternelle attente, chacun tente de se rechercher dans sa mémoire, frappée cependant par l'oubli et le doute. Qui sont-ils ? Ont-ils vraiment existé ? Tout se confond comme les personnages qui se confondent dans une réalité qui échappe à leur entendement. Ce monde dans lequel évoluent les protagonistes, n'a ni passé ni futur. Seul le moment présent s'avère perceptible et justifie, du coup, leur présence sur scène, mais ce présent semble flou et problématique. Chacun des personnages a une histoire et une vie à raconter, et alors qu'ils s'étalent dans leur récit existentiel, un cinquième personnage, curieux et pathétique, entre en scène : c'est un marchand ambulant de rêves et de souvenirs. Il propose à chacun un article, et chacun semble se reconnaître à travers l'objet qu'il tient entre les mains, et dans lequel il se revoit et par lequel il devine son existence et discerne un pan de son identité. Chacun se projette dans cet objet qui revêt une portée affective. D'où la relation homme-objet. C'est-à-dire l'homme n'existe qu'à travers l'objet qui, lui, est porteur de sentiments et de souvenirs. La pièce se déroule dans un jeu juste et avéré autour de cette interrogation sur l'homme et la mémoire. Ce jeu, rendu démonstratif et significatif et par la composition et par la disposition de la lumière, s'accentue et se révèle expressif tant l'émotion est forte et tant l'interprétation des comédiens est perceptible.