Enquête n En dehors du milieu scolaire, seuls 3 adolescents sur 10 pratiquent une activité sportive ou culturelle. Pour meubler leur week-end, l'écrasante majorité des adolescents n'a d'autre choix que de se tourner vers les programmes de la télévision. Et lorsqu'ils s'en lassent, il reste les amis du quartier ou du village pour discuter de tout et de rien. Un passe-temps partagé par les adolescents des deux sexes pouvant durer des heures et des heures. Il existe, cependant, une autre option pour les filles, moins agréable certes, mais permettant tout de même d'échapper à l'ennui. Il s'agit des tâches ménagères auxquelles elles sont initiées dès leur plus jeune âge. L'ensemble de ces «loisirs» concerne, en moyenne, 8 adolescents sur 10 avec, en tête, les discussions entre amis citées par 94% des garçons tandis que la même proportion des filles a cité les tâches ménagères. Vient ensuite la télévision qui a été citée par plus de 90% des filles et des garçons. Ils sont, par ailleurs, 50% des garçons et 8% des filles à déclarer passer leur temps libre à la mosquée. Ces chiffres ressortent de l'enquête menée auprès des adolescents âgés entre 14 et 17 ans sur la connaissance des droits des femmes et des enfants en Algérie, publiée en février 2009. La même étude indique que seulement le quart de la population adolescente pratique du sport hors établissement scolaire. Les garçons sont 44% à pratiquer une activité sportive, contre 10% seulement des filles. La pratique d'une activité culturelle est encore bien en deçà de ces proportions, elle ne dépasse pas les 9% contre 6% pour l'activité manuelle : broderie, couture, poterie, tissage, sculpture, etc. Au cours de cette enquête, deux tiers des adolescents interrogés sur la lecture en tant que loisir, avaient répondu n'avoir lu aucun livre et aucune revue lors des 12 derniers mois. Et parmi ceux qui en ont lu, soit les 33% restants, la moitié a lu un seul livre. «Cela relève en grande partie de politique institutionnelle, comme l'organisation de loisirs pour ces adolescents et le développement d'une vie culturelle», explique la responsable de l'étude, Mme Hayef Ighilahriz. Une lecture qui tient son origine des résultats obtenus lors du travail fait sur le terrain qui traite d'un problème peu évoqué jusqu'alors. L'absence d'activités attractives au profit de cette catégorie en dehors du milieu scolaire est synonyme de désœuvrement source de tous les dangers. Encore faut-il que ce même milieu scolaire offre les possibilités de pratiquer ce type d'activités. Par manque d'espace, de moyens humains et matériels et d'une bonne gestion, beaucoup d'établissements libèrent les jeunes aussitôt les cours terminés. «Le milieu scolaire, pour de multiples raisons, ne permet pas de pallier ces insuffisances, cette carence culturelle. Dans nombre d'établissements scolaires, l'activité sportive est inexistante ou pratiquée de façon épisodique, les autres activités, à savoir la lecture, le dessin, la musique ou les travaux manuels ne sont pas plus développés», déplore Mme Ighilahriz, chiffres à l'appui. Les résultats de l'enquête ont, ainsi, contre toute attente, démenti certaines évidences que nous véhiculons aujourd'hui, selon laquelle, la nouvelle génération a tous les moyens d'échapper à l'oisiveté.