Défaillance n En l'absence de toute stratégie pour le développement de la culture des loisirs, de nombreuses adolescentes sont contraintes de vivre cloîtrées. Pendant leur temps libre, beaucoup d'adolescentes ne trouvent que très peu de choses à faire. Leurs occupations sont très limitées. La télévision, notamment les programmes des chaînes satellitaires, est généralement leur passe-temps favori. La tendance, aujourd'hui, est aux feuilletons turcs qui ont réussi à s'imposer et à surpasser le succès des séries égyptiennes et autres. Outre la musique et les discussions avec les amies, les tâches domestiques occupent une bonne part de leur temps en dehors des études. Mais, le vrai plaisir des jeunes filles reste, sans doute, les fêtes familiales où elles se donnent à cœur joie à tous les rythmes de musique. Les lieux de culture (centre culturel, club, théâtre, cinéma, ateliers, bibliothèque…) n'ont été cités par aucun adolescent dans une enquête réalisée par le Centre d'information et de documentation sur les droits de la femme et de l'enfant (Ciddef) en 2008. Au regard de la situation que ces résultats très éloquents illustrent, l'épanouissement culturel des adolescentes à travers les loisirs scolaires semble absent. Dans son intervention (voir revue Science), le Dr Belkhenchir renvoie cette attitude négative à l'égard de la pratique sportive, notamment de la part des adolescentes «avant tout, à l'idéologie de la société». Cette dernière continue, selon lui, à bloquer toute manifestation physique de la fille d'où «le rôle important du système éducatif, seul à même de changer les mentalités». Pour le spécialiste, il existe beaucoup de conflits plus ou moins déguisés et encore moins assumés à l'égard de la pratique sportive, en particulier chez les filles qui portent le poids très lourd des traditions. Il faut dire que malgré l'étendue des transmutations sociales, beaucoup continuent à vivre dans un milieu largement conservateur. Mais la cause de ce désistement vis-à-vis des loisirs ne tient pas seulement à cet élément. En effet, en l'absence remarquée d'espaces de détente à proximité des quartiers, les jeunes adolescentes cherchent vainement un moyen pour se distraire. Prisées essentiellement par les 14-17 ans, ces animations de proximité accusent un réel déficit. Celles-ci auraient pu, pourtant, constituer un espace de découverte instructif tout en permettant aux jeunes filles de profiter de leur temps libre. Enfin, si pour les plus nanties, le problème des loisirs ne se pose pas, pour la majorité écrasante des jeunes algériennes, le temps libre est synonyme d'ennui.