Détresse n «Les colons veulent nous faire peur, ils veulent qu'on s'en aille. Ils prennent la terre étape par étape, en toute impunité..., personne ne nous protège.» De son balcon, Nahla Ahmad a une vue imprenable sur les montagnes du nord de la Cisjordanie, mais sa vie a tourné au cauchemar en raison des exactions permanentes des colons extrémistes d'Yitshar, à quelques centaines de mètres de sa maison. «On a mis des barreaux aux fenêtres après la première attaque, il y a trois ans. ça s'est passé à deux heures du matin», raconte cette Palestinienne, mère de quatre enfants. Les colons juifs «viennent chaque semaine, parfois vendredi et samedi», ajoute-t-elle en montrant les étoiles de David peintes sur les murs de sa maison. Isolée à la sortie du village d'Assira el-Qibliya, sa maison fait face à la colonie d'Yitshar. Les colons de cette région sont parmi les plus extrémistes de Cisjordanie occupée. Depuis des années, ils terrorisent la population de ce secteur. Pour eux, la «Judée-Samarie» (Cisjordanie) conquise par Israël en juin 1967, «est un territoire juif». Hier, ils s'en sont pris à la population locale après des informations prêtant aux forces de sécurité l'intention d'évacuer des colonies sauvages. Ils ont attaqué des civils à coups de pierres, blessant l'un d'eux grièvement, et brûlé des champs. «Une fois, ils sont venus la nuit et ont jeté des cocktails Molotov à l'intérieur de la maison. C'était en novembre 2008», se souvient Nahla. «Ils veulent nous faire peur, nous faire partir, ils veulent qu'on s'en aille», reprend son époux. «ils prennent la terre étape par étape, en toute impunité, et pour nous, il n'y a pas de sécurité, personne ne nous protège», poursuit-il. Le Premier ministre israélien s'est dit prêt à démanteler des colonies sauvages de Cisjordanie, mais Djamal Ahmad n'y croit pas en l'absence de pressions internationales sérieuses. Aux yeux de la communauté internationale, toutes les colonies sont illégales. Selon l'organisation israélienne la Paix maintenant, 44% des terres où ont été construites des colonies sauvages de Cisjordanie appartiennent à des Palestiniens. «Les colons agressent les gens, brûlent leurs maisons, leurs voitures, tirent sur eux, tuent et volent le bétail. Ils prennent les terres», explique-t-il. Salah Siddi, 48 ans, en a fait les frais. Il a été attaqué, lui et sa famille, il y a un an par huit hommes de la colonie sauvage d'Havad-Gilad. «Les colons nous ont frappés et nous ont jeté des pierres. Ils ont lâché leur chien sur moi et ont voulu m'arracher des bras de ma mère», raconte son fils âgé de 12 ans. Trois années de suite, les 150 oliviers de Mohamed Hussein, 66 ans, ont été arrachés. «La dernière fois, c'était en février 2008», se rappelle-t-il. Ses deux fils ont aussi été attaqués il y a trois semaines. «Aujourd'hui, je ne peux plus aller sur ma terre à cause des colons. Ils disent qu'elle leur appartient, que c'est Eretz Yisraël (la terre d'Israël)», se lamente-t-il.