Expression n Parler de l'engagement du théâtre arabe dans la cause palestinienne, c'est évoquer l'expérience théâtrale palestinienne. Ouatfa Hamadi, une universitaire libanaise, explique que «le théâtre palestinien était présent bien avant la Nekba (1948). Il se pratiquait sous ses multiples formes : classique, goual et le très populaire théâtre d'ombre d'influence turque». On peut citer alors des dramaturges, tels que Asma Toubi, Stéphane Josephe Salim, Jamil El Bahri ou encore Nashi El-Jawzi. Ces gens du théâtre exerçaient leur métier – ou leur art – sous l'occupation britannique. Les pièces comportaient des discours politiques et sont pétries de revendications nationalistes, à l'instar de L'Ombre des hommes libres et Je ne vendrai pas ma terre du dramaturge Nashi El-Djawzi qui a créé, en 1922, l'Association des arts du théâtre et écrit L'Histoire du théâtre palestinien de 1918 à 1948. Ouatfa Hamadi souligne que, suite à la Nekba, le théâtre palestinien poursuit son action et son engagement, notamment avec la troupe palestinienne El-Balaline qui a abordé, dans la majorité de ses créations, le vécu du peuple palestinien. «Ce qui est important dans le théâtre palestinien, c'est que, contrairement à ce qui a été entrepris par les autres théâtres arabes, la cause palestinienne a été abordée de l'intérieur. Cela donnait un accès direct au quotidien du peuple palestinien ainsi qu'à la résistance et au patriotisme. Des troupes théâtrales voient le jour, à l'instar de La Compagnie de la famille du théâtre de Ramallah (1969), Les Ballons et El-Kasaba (1970), La Troupe du croissant et El-Hakaouati à El-Qods (1973) ou encore Sanabel (1985). Ainsi, l'action théâtrale palestinienne se multiplie et se développe et l'engagement nationaliste des dramaturges palestiniens s'accentue. Ce qui lui a valu des répressions des Israéliens, notamment avec l'assassinat par le Mossad du romancier et homme de théâtre Kanafani. Mais face à cet acharnement, les Palestiniens redoublent d'activité et de militantisme en donnant diverses représentations sur la scène internationale. C'est le cas d'Imen Aoun, une dramaturge palestinienne qui milite sur les planches pour la cause de son peuple. «J'ai commencé à travailler en 1984, lorsque j'étais encore étudiante à la faculté des sciences sociales, où j'animais des ateliers de théâtre», dit-elle. Et de poursuivre : «Mon but était, à l'époque, d'assurer la continuité du parcours entamé par mes prédécesseurs.» «Notre travail ne relevait jamais d'adaptations, mais était puisé dans notre vécu et notre quotidien», souligne-t-elle. Plus tard, en 1991, la dramaturge entame une nouvelle expérience avec Edouard Maâlam. «Ensemble, nous avions entrepris un travail sous forme d'ateliers destinés exclusivement aux jeunes», explique Imen Aoun pour qui le théâtre palestinien, surtout avec l'ouverture de la Palestine au monde arabe et occidental, est inscrit dans une dynamique accélérée, «et cela notamment avec l'introduction du théâtre dans les écoles», précise-t-elle. Et de constater : «Les choses ont énormément évolué.» Enfin, George Ibrahim Habache, l'un des fondateurs du Théâtre El-Casbah, et pour qui le théâtre en Palestine véhicule une conscience politique et des valeurs esthétiques, déclare la création, au mois d'octobre, de la première Académie des arts dramatiques palestiniens en partenariat avec une université allemande qui validera les diplômes.