Plus de 600 personnes, habitant dans plus de 120 chalets, ont failli être emportées par les eaux. C'est une véritable psychose que celle vécue, dans la matinée de jeudi dernier, par les habitants des chalets du site Derriche, situé dans la périphérie du chef-lieu de wilaya de Boumerdès. Il était 9h30, en ce jeudi, lorsque la conduite d'adduction d'eau du barrage de Taksebt (Tizi Ouzou), vers Alger, en passant par Boumerdès, a éclaté. Selon des témoignages recueillis hier sur les lieux, la conduite déversait des milliers de mètres cubes à la seconde, pour un diamètre de 2 mètres. Du coup, plus de 600 personnes, habitant dans plus de 120 chalets, ont failli être emportées par les crues! «Nous avons échappé à un véritable drame», raconte Boualem, membre du comité du quartier Derriche. «Les habitants ont eu la vie sauve, grâce à un voisin qui a eu la géniale idée d'ouvrir la vanne située juste en contrebas du site», ajoute-t-il. En effet, tout a commencé la veille, soit dans la soirée de mercredi dernier. La conduite d'eau située à hauteur du site Derriche commençait à perdre des quantités importantes d'eau, mais sans que cela ne représente un réel danger. Avec le temps, la situation s'est de plus en plus détériorée. Douze heures plus tard, les boulons de la conduite ont carrément lâché, laissant échapper de celle-ci des milliers de mètres cubes d'eau. Dans sa furie, l'eau a inondé une soixantaine de chalets. Devant la catastrophe qui s'annonce, les habitants n'ont pas trouvé mieux que de se réfugier sur le toit de leurs habitations de fortune. «Fort heureusement, aucun décès n'est à déplorer. Pour le moment, il n'y a qu'une femme enceinte qui est évacuée à l'hôpital, suite au traumatisme qu'elle a subi», estime Boualem. Si les habitants s'en sont sortis sains et saufs d'une véritable catastrophe, il n'en demeure pas moins que leurs chalets sont complètement inondés de boue et de fange. Aussi, deux voitures, garées sur le passage de l'eau ont été emportées à une dizaine de mètres plus loin. Les habitants du site Derriche, rencontrés hier, ont laissé exploser leur colère. Les autorités sont, de ce fait, les premières sur lesquelles on pointe un doigt accusateur. «Tout le monde savait que notre site est situé sur une zone fragile, faite de remblais», lâche amèrement Toufik, membre du comité de quartier, avant d'ajouter: «Pourquoi a-t-on donc laissé la conduite d'eau traverser le site?» A en croire notre interlocuteur, l'entreprise canadienne des travaux publics, SNC Lavallin, chargée de la réalisation de ce projet «avait bel et bien alerté les autorités sur le danger que représente la conduite d'eau qui traverse le site en son milieu». Quelle a été la réaction des responsables locaux? «Les responsables se sont contentés de délocaliser les 43 chalets situés juste sur le chemin de la conduite d'eau, n'accordant, de ce fait, aucun intérêt au reste du site. Croyant, par là, qu'aucun danger n'est à craindre» affirme Toufik. Il faut rappeler que les habitants des chalets du site Derriche ont été logés en ces lieux, en décembre 2004. Soit plus d'une année après le séisme du 21 juin 2003, ayant secoué la région de Boumerdès. Depuis, ils ne cessent «de subir la malvie, dans ces constructions précaires». Pourtant, «des 800 logements, situés au niveau du lieudit Les Sablettes, situé aux abords de l'axe routier reliant Boumerdès à Zemmouri, et qui ont été livrés, 200 demeurent toujours inoccupés», souligne Toufik B., habitant le site de Derriche. «Pour le moment, nous sommes livrés à nous-mêmes. Il suffit qu'il pleuve pour que le chemin menant vers nos habitations soit inondé, le coupant ainsi de la grande route», regrette notre interlocuteur. Celui-ci renchérit: «Même l'eau, nous n'en avons plus depuis plus d'une semaine. Que dire alors du transport!». Pourtant, «un jeune possédant un fourgon neuf ne cesse de courir après les autorités afin qu'on lui délivre un agrément pour qu'il puisse exercer sa profession de transporteur. En vain». Cela se passe à un kilomètre de la ville de Boumerdès, et à 40 kilomètres de la capitale.