La sécheresse commence à sévir sur les inamovibles parcours pastoraux ovins de la steppe algérienne. La mince couverture végétale nécessaire à l'alimentation des troupeaux ne suffit plus. A plusieurs endroits, elle a complètement disparu, poussant ainsi les éleveurs à parcourir des centaines de kilomètres dans l'espoir de rencontrer des périmètres où subsistent encore quelques plantes spécifiques à la région. Des transhumances hors saisons, et dans la plupart des cas vaines. Devant une telle situation, les éleveurs ne savent plus à quel saint se vouer, sinon de brader leur gagne-pain aux maquignons. Il est utile de rappeler que, lors d'un séminaire régional qui s'est tenu à Ouargla sur le thème de l'élevage animal en région saharienne, le 10 février dernier, des intervenants ont mis à profit ce rendez-vous pour alerter les pouvoirs publics sur les risques de sécheresse pour les parcours pastoraux si elle venait à perdurer. Une mise en garde qui n'a malheureusement pas connu d'écho favorable. Aujourd'hui, on en est à déplorer les conséquences de cette aridité qui peut mettre en péril le patrimoine national ovin. Lequel «doit être impérativement préservé», a recommandé le conseil interministériel du 10 mai dernier dans son examen du dossier relatif à l'élevage ovin. Lors de ce conseil, il a été aussi révélé que «ce secteur important de l'économie nationale traverse une situation difficile» et, du coup, des mesures d'urgence s'imposaient. Pour éviter aux éleveurs de grandes pertes faute de ne pouvoir écouler leurs têtes de mouton à des prix raisonnables, le conseil interministériel a décidé d'interdire les importations d'ovins et cela jusqu'à la veille du mois de ramadhan, soit le 28 août, période où la demande en viande ovine est importante. En clair, cette mesure vise avant tout à préserver les éleveurs des méventes dues aux importations. Une décision sage selon des cadres de la Chambre nationale d'agriculture, interpellés sur la question par nos soins. Ceux-ci nous ont aussi affirmé que les décisions prises lord du conseil interministériel sont en faveur des éleveurs. Ces derniers trouveront dans les mesures du gouvernement (voir dans notre édition d'hier le détail de ces mesures) de quoi lever leurs inquiétudes quant à l'avenir de leurs troupeaux. Toujours est-il que ces mesures ne sont que conjoncturelles. Il reste donc à savoir comment mettre à l'abri le cheptel du phénomène de la sécheresse qui est plus qu'évident dans notre pays où l'aridité grignote chaque année des centaines d'hectares des parcours pastoraux. La désertification est une réalité, c'est pourquoi il est demandé une plus grande implication de toutes les parties prenantes pour la préservation de l'écosystème steppique. Seule alternative pour la préservation de notre patrimoine ovin. A titre de rappel, il a été importé près de 8 000 tonnes de viandes ovines en 2007 sur une quantité globale de 60 000 tonnes de viandes rouges importées pour un montant de l'ordre de 140 millions de dollars. Z. A.