Les dernières pluies ne vont pas fléchir le prix du mouton, bien au contraire. La sécheresse et la rareté de l'aliment de bétail sont déjà les causes principales citées par les éleveurs pour amorcer la flambée du prix du mouton, entamée d'ailleurs, la semaine dernière avec le premier départ des hadjis de la région des Bibans et de la Hodna (M'sila), en attendant, l'annuelle grande saignée des citoyens, dans une quinzaine de jours, à l'occasion de l'Aïd El Kebir. «Cette sécheresse prolongée a eu des conséquences néfastes sur les parcours pastoraux, le prix du quintal de l'orge ainsi que tous les autres ingrédients de l'aliment du bétail, tels le son, l'avoine, le maïs qui ont dépassé les 2400DA dans les zones d'élevage ovin dans les wilayas de Bordj Bou Arréridj, M'sila, Djelfa, Biskra, Laghouat et Sétif, soit les Hauts-Plateaux ou les zones pastorales nord-est du pays», se précipitent d'expliquer les éleveurs d'ovins qui, depuis le début de cette semaine, ont affiché leur l'intention d'augmenter le prix de la viande et par conséquent celui du mouton. La viande ovine a dépassé la barre de 600DA le kg à Bordj Bou Arréridj alors qu'elle était cédée à 500DA le kg, il y a une quinzaine de jours. «Le cheptel ovin bouffe au restaurant et non aux étables vu le prix de l'aliment de bétail», soutiennent les éleveurs de la wilaya, expliquant que «tout aliment du bétail, transitant par la wilaya de Bordj Bou Arréridj, est écoulé dans les régions de la Hodna (M'sila) et les régions sud-ouest (Djelfa, Aïn Oussera, etc.) et sud-est (Biskra, El Oued, etc.) où les prix ont augmenté d'au moins 60% avec le départ vers les Lieux Saints des hadjis». Pis, disent-ils, «le couvert végétal et les parcours pastoraux connus de la wilaya de Bordj Bou Arréridj souffrent d'un énorme manque de pluviosité». Les dernières pluies ne vont pas fléchir les prix, explique un spécialiste des services agricoles. Au contraire, les éleveurs vont trouver une aubaine pour ne pas vendre avec la poussée de l'herbe. Pour ce spécialiste, fin connaisseur des éleveurs, il existe une mafia qui cerne très bien le secteur de l'élevage ovin dans tout l'est et le nord-est algérien, sous-divisé en clans. La première s'occupe de l'élevage et de la vente aux marchés à bestiaux, alors que la seconde est spécialisée dans l'aliment du bétail. «Les relations entre les clans sont basés sur le gain, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il ait une abondance d'aliments du bétail ou d'herbe verte et bien grasse sur tous les parcours pastoraux du pays, leur technique est simple, soit créer la rareté de l'aliment du bétail soit, en cas d'abondance, ne pas écouler le cheptel, l'histoire éternelle de l'offre et de la demande», explique-t-on. Bref, avec le pèlerinage et l'Aïd, le mouton à égorger doit faire profiter tous les clans de cette mafia. Pour notre source, seule une décision politique, sous-tendue par une fatwa, en direction de la population peut faire brouiller les calculs de ces «ramasseurs d'argent». Un exemple édifiant révèle, que l'année dernière en cette période, «un maquignon du centre du pays avait constitué un troupeau de 1000 têtes d'ovins, écoulé dans la capitale et ses environs. Ce troupeau a été acheté chez plusieurs éleveurs de la wilaya de Bordj Bou Arréridj et parqué dans les étables en attendant l'approche de l'Aïd avant d'être acheminé sur la capitale». Bref, à Bordj Bou Arréridj, l'on dit bien que «le citoyen est écorché vif à l'Achoura ou à l'Aïd». Et si les pouvoirs publics décident d'importer le mérinos (mouton espagnol originaire d'Afrique du Nord), alors, on est certain que les citoyens se rueront dessus.