De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine Les ressources hydriques superficielles et souterraines que compte la wilaya de Aïn Defla sont très importantes et font d'elle une wilaya capable d'assurer une bonne alimentation quotidienne en eau potable et de contribuer efficacement au développement du secteur de l'agriculture de l'industrie et des services. Elle dispose de 5 grands barrages, d'une capacité de 558,77 millions de m3 pour l'alimentation en eau potable et l'irrigation. Ceux-ci sont localisés dans les communes de Oued Chorfa, Tarek Ibn Ziad, Djelida, Rouina et Arib. Trois petits barrages, réservés pour l'irrigation, viennent renforcer également les potentialités hydriques. Deux sont situés dans la commune de Abadia et un à Aïn Lechiekh, d'une capacité totale de 3 658 000 m3. Pour les retenues collinaires, cette wilaya en compte quatre, réparties à travers les communes de Djemaa Ouled Cheikh, Tarek Ibn Ziad et Boumedfaa, d'une capacité globale de 1 010 000 m3. Parmi ces retenues, deux sont destinées à l'irrigation et une seule à l'alimentation en eau potable de la commune de Djemaa Ouled Cheikh. Les ressources souterraines, quant à elles, sont représentées par les réserves que compte les trois grandes nappes, celles du Zaccar, Doui et Chellif. Selon le rapport présenté dernièrement par la direction de l'hydraulique au cours de la session de l'APW, 217 188 000 m3/an sont exploités à partir des nappes souterraines à travers des forages et des puits. Le secteur de l'agriculture exploite 389 264 000 m3 au moyen de 1 085 forages et 2 033 puits, répartis à travers les communes de cette wilaya. La commune d'El Abadia vient en première position avec 167 forages, suivie par la commune d'El Amra avec 136 forages et Aïn Defla avec 120 forages. Le secteur de l'industrie, quant à lui, exploite 18 402 600 m3/j à travers 31 forages. Ces derniers sont localisés dans 7 communes parmi les 36 que compte cette wilaya. Le chef-lieu de Aïn Defla compte 12 forages, Khemis Miliana 7 forages, Miliana, Attaf et Sidi Lakhdar disposent de 3 forages chacune. Le secteur compte 22 forages et 81 puits, localisés dans 16 communes, exploitant au total 682 000 m3. Par ailleurs, cette wilaya compte 2 petits barrages qui sont sur le point d'être livrés. Ces derniers sont destinés à alimenter en eau potable les communes de Maine, Belass et Tiberkanine. La capacité de ces deux nouveaux ouvrages est de 3 036 000 m3. Le même rapport indique que l'étude réalisée par un bureau d'études étranger au profit de l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) prévoit la réalisation de 7 ouvrages entre barrages et retenues collinaires dans 7 communes, à savoir Berbouche, Bathia, Hassania, Tarek Ibn Ziad, Bordj Emir khaled, El Amra et Zeddine Des lacunes dans la gestion de l'eau potable En dépit de ces ressources, le secteur de l'eau dans cette wilaya continue de souffrir de quelques lacunes qui influent considérablement sur la vie quotidienne de la population. Les projets importants initiés par les services concernés seront lancés dans le but de régler cette situation et d'assurer une distribution équitable de l'eau potable au profit de la population de cette wilaya, mais semblent être loin de leurs objectifs. Le rapport de la commission de l'hydraulique, de l'agriculture et des forêts, relevant de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), présenté récemment lors de la session d'hiver, a détaillé les anomalies qui influent sur le développement de ce secteur stratégique. La gestion de ce secteur au niveau local a été soulevée par les membres de la commission en premier lieu. Pour elle, le manque de personnel qualifié influe énormément sur le secteur, puisque, à titre d'exemple, la plupart des travailleurs affectés aux pompes, aux forages et réservoirs sont engagés dans le programme d'emploi ESIL et IAIG. Le branchement illicite, l'incapacité d'intervenir pour réparer les pannes et les difficultés de recouvrement des créances demeurent les points noirs signalés par les membres de cette commission, qui voient par ailleurs que les communes gérées par l'Algérienne des eaux souffrent de la mauvaise gestion et de l'absence de maintenance des équipements hydrauliques des communes de Boumedfaa et de Hammam Righa. La mauvaise qualité des pompes à eau acquises par de nombreuses communes a influé sur la distribution de l'eau puisque des pannes surviennent régulièrement. Selon les élus, cette situation a obligé les responsables de la wilaya à acquérir de nouvelles pompes sur le budget de wilaya. D'autres anomalies ont également été soulevées par les communes, il s'agit du manque de plans directeurs des réseaux, d'ouvrages de mobilisation des eaux, de la détérioration du réseau de distribution et de transfert. La production journalière d'eau est supérieure à la quantité distribuée En revenant aux chiffres parus dans le rapport de la direction de l'hydraulique, on peut constater que la situation de l'alimentation en eau potable est un peu particulière d'autant que les 763 336 habitants que compte cette wilaya sont alimentés à hauteur de 94% à partir des forages et puits (nappes souterraines) et 6% à partir des barrages et autres retenues collinaires. La production d'eau journalière est estimée à 172 355 m, parmi cette quantité, 128 000 seulement sont distribués à la population. La dotation moyenne journalière par habitant, selon le même rapport, est de l'ordre de 167,69 litres, ce qui veut dire qu'il n'existe pas de déficit en eau potable dans cette wilaya. En revanche, le taux de branchement au réseau d'AEP est de 83% et la longueur de ce réseau de 2 076 030 mètres linéaires. Par ailleurs, les chiffres mentionnés dans le tableau de comparaison entre la situation en matière d'eau potable en 2005 et 2008 montrent que la dotation journalière par habitant a augmenté durant l'année 2008 par rapport à 2004 dans certaines communes, alors que d'autres ont vu leur dotation journalière baisser. A titre d'exemple, la commune de Tiberkanine a vu sa dotation diminuer de 131,95 à 84,88 l/j/h, alors qu'à Mekhatria elle est passée de 161,71 à 137,70 l/j/h et à Bourached elle a baissé en passant de 114,18 à 79,90 l/j/h. Cette baisse est due, selon les mêmes chiffres, à la diminution de la production d'eau journalière dans certaines communes. En somme, dans cette wilaya, certaines communes souffrent d'un déficit en eau potable ; il s'agit d'El Maine avec une dotation de 65,85 l/j/h, Bethia avec 55,54 l/j/h et Hassania avec 75,41 l/j/h. Rénovation des conduites d'eau 26 communes ont bénéficié d'opérations visant la réhabilitation des conduites de refoulement d'eau potable. Au total, ce sont 170 929 mètres linéaires de conduites qui ont été remplacés. Cette opération vise à supprimer les fuites d'eau. Les communes de Djelida, El Amra, Oued Djemaa et Khemis Miliana ont vu la réhabilitation de nombreuses conduites. Entre autres, des opérations de réalisation et de remplacement du réseau d'alimentation potable sont programmées au niveau de 6 communes. Des réservoirs ont aussi été réalisés dans 9 communes, ce qui permettra de mobiliser 12 400 m3. Des stations de pompage sont également programmées dans 3 communes, dans le but d'améliorer la capacité de mobilisation des eaux. Deux grands projets pour alimenter la population à partir de deux barrages Pour répondre aux besoins de la population de la région en eau potable, la wilaya de Aïn Defla a bénéficié, dans le cadre des opérations centralisées, d'un projet visant le transfert d'eau potable à partir du barrage de Ouled Mellouk au profit des communes d'El Attaf, Rouina, Zeddine, Abadia, Bourached et Maine. Cette opération, destinée à répondre aux besoins futurs de la population de ces 6 communes, estimée à 246 962 habitants en 2030, comprend les travaux suivants : fourniture et pose de 2630 ml de conduites en béton armé de diamètre 600 mm, l'installation d'un réseau de pompage (refoulement) d'une longueur de 62 km, la réalisation et l'équipement d'une station de traitement d'une capacité de 500 l/s soit 43 200 m3/jour. Ce projet compte aussi la réalisation d'une station de pompage centrale, de cinq autres stations secondaires ainsi que d'autres ouvrages de stockage, nécessaires au transfert de l'eau du barrage pour le compte de ces six communes. Un autre grand projet visant à assurer l'alimentation en eau potable des communes de Mekhatria, Aïn Defla, Arib, Sidi Lakhdar, El Amra et Khemis Miliana, à partir du barrage de Sidi Ahmed Ben Taïba a été aussi accordé à cette wilaya pour répondre à la demande de la population de ces communes qui sera de 326 014 habitants en 2030. Ce dernier compte de nombreuses réalisations et équipements hydrauliques, y compris la pose de 51 km de conduites de diamètre variant de 100 à 700 mm. Il est à noter que ces opérations viennent enfin mettre en valeur les deux barrages réceptionnés ces dernières années. En somme, dans cette wilaya, en dépit des potentialités hydriques existantes et de la quantité d'eau produite par jour, largement supérieure à la quantité distribuée, de nombreux citoyens, éprouvent d'énormes difficultés à se procurer ce précieux liquide. Selon les observateurs, une bonne planification des actions est nécessaire pour couvrir les besoins immédiats de la population, surtout dans les communes disposant d'une faible dotation journalière en eau potable.