Alors que des efforts diplomatiques se poursuivaient hier pour mettre fin à l'agression israélienne dans la bande de Ghaza -sans grand succès-, la crise humanitaire se dégradait encore. L'offensive terrestre, lancée samedi dernier par Israël, a aggravé la situation dans le minuscule territoire palestinien dont la population vit dans l'obscurité, subit une grave pénurie de produits alimentaires et de médicaments ainsi que le risque de maladies, selon des représentants des agences du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l'ONU. Selon ces derniers, ils ne peuvent que très difficilement distribuer l'aide aux réfugiés palestiniens en raison des bombardements et des combats. Dans les foyers palestiniens, les cris et les pleurs d'enfants sont incessants, selon des reporters de presse sur place. «Beaucoup d'enfants ont cessé de manger. Ils sont apathiques et parlent à peine. Ils restent collés à leurs parents à longueur de journée», a affirmé un employé de l'Unicef. Sans électricité, les enfants vivent dans la peur de l'obscurité, a-t-il ajouté. «La crise humanitaire due à la violence actuelle à Ghaza touche en premier les femmes et les enfants», a déclaré également la directrice régionale de l'Unicef. «Actuellement, les jeunes de Ghaza sont non seulement privés des droits de l'Homme dont n'importe quel être humain devrait pouvoir jouir mais se voient également refuser les droits spécifiques aux enfants», a déclaré cette responsable du Fonds des Nations unies pour l'enfance. Dans les hôpitaux de Ghaza, on manque de tout : les urgences sont remplies de blessés et le sol couvert de sang. En raison d'une pénurie de médecins et d'équipements, les amputations de blessés se sont multipliées et beaucoup d'entre eux sont morts pour n'avoir pas reçu des soins à temps. Depuis le début de l'offensive, plus de 540 personnes ont été tuées, dont plus d'une centaine d'enfants, et plus de 2 500 blessées. Ghaza s'enfonce dans le cauchemar. Durant ce temps, de nombreux gouvernements et organisations expriment leur inquiétude face à la dégradation humanitaire. Personne n'a réussi à faire pression sur Israël afin de faire cesser le génocide.Ainsi, le gouvernement japonais s'est dit «très inquiet car la violence croissante fait de nombreuses victimes civiles». De son côté, le Premier ministre australien Kevin Rudd a jugé «crucial» pour Israël de permettre à la population de Ghaza d'accéder à ses besoins de base, nourriture, assistance humanitaire et médicale. Le Canada a appelé «la communauté internationale» à «se concerter pour faire face à la situation humanitaire», notamment pour «assurer l'accès à la nourriture, au carburant et aux fournitures médicales». Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est déclaré «inquiet» de la hausse du nombre de victimes civiles et des dégâts infligés aux hôpitaux. Le président chinois Hu Jintao a également fait part à son homologue américain George W. Bush de son inquiétude au sujet de la «crise humanitaire». Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a déploré «une situation humanitaire qui est bien impossible à supporter». Du côté des régimes arabes, le président syrien Bachar Al Assad a exhorté hier le cheikh Youssef Al Qardaoui à «mobiliser» les peuples arabes pour aider les Palestiniens à Ghaza. De son côté, la reine Rania de Jordanie a incité les gouvernements à répondre à l'appel de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) qui a sollicité 34 millions de dollars afin de répondre aux besoins immédiats de la population de Ghaza. «Il y a une crise en ce qui concerne notre humanisme. C'est un message que j'envoie aux leaders mondiaux, notre humanité est partiale quand des enfants, quelle que soit leur nationalité, sont victimes d'opérations militaires», a affirmé la reine. Elle a exhorté Israël à ouvrir «tous les points de passage» afin de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire vers le petit territoire palestinien. H. Y.