L'attaque du centre commercial de Westgate, à Nairobi, par des assaillants se réclamant des Chebabs, les islamistes somaliens, a fait des dizaines de morts et des centaines de blessés. La tragique prise d'otage aura mis de nouveau cette région de l'Afrique sous le feu de la rampe. Ainsi, la Somalie revient à l'occasion au centre de l'intérêt mondial. Ce pays de la corne de l'Afrique irrémédiablement déstabilisé par les interventions occidentales, dont la fameuse opération Restore Hope dont les images des corps des GI traînés dans les rues de Mogadiscio ont traumatisé l'Amérique. Les Chebabs se sont renforcés suite à l'échec des tribunaux révolutionnaires islamiques installés à Mogadiscio. Le mouvement sera, par la suite, évincé par l'intervention des forces éthiopiennes et aussi kenyanes entrées unilatéralement en Somalie voisine, en octobre 2011. Ces troupes se maintiennent depuis dans le sud du pays, dans le cadre d'une force africaine multinationale soutenant le fragile et impuissant gouvernement somalien face aux islamistes. Le chaos somalien est donc venu s'inviter en plein Nairobi, capitale d'un Kenya véritable zone stratégique pour des jeux de puissances. A l'occasion de cette dramatique prise d'otage les informations en provenance du lieu de l'événement ont fait état de l'intervention d'un acteur pas comme les autres. Le luxueux centre commercial appartiendrait à des Israéliens et des forces spéciales de l'Etat hébreux auraient prodigué leur «expertise» aux autorités kenyanes. La présence israélienne dans la corne de l'Afrique n'est pas nouvelle. D'autres pays comme l'Ethiopie, l'Erythrée, et le Sud-Soudan sont de véritables zones d'influence de l'Etat hébreu. Frontalier du Soudan et de la Somalie, situé face aux pays du Golfe, le Kenya occupe une position géographique stratégique aux yeux des Israéliens. C'est d'ailleurs venant probablement de bases dans ces zones que les avions israéliens ont plusieurs fois bombardé le Soudan. Ainsi donc le rôle d'Israël dans cette partie de l'Afrique devrait compliquer davantage la situation plutôt que d'être un élément de stabilisation. Israël demeure un Etat voyou puisqu'il bafoue impunément des dizaines de résolutions de l'ONU, occupe depuis soixante ans illégalement des terres palestiniennes et demeure un des derniers Etats coloniaux des temps modernes. Dans un Kenya théâtre de manœuvres des puissances occidentales et sous pression de la CPI qui entend poursuivre le nouveau président élu, Uhuru Kenyatta, «l'assistance» des Israéliens pourrait bien devenir encombrante. M. B.