Selon le délégué général de l'association des banques et établissements financiers (Abef), M. Abderrezak Trabelsi, qui intervenait jeudi dernier à la Radio nationale, «les surliquidités bancaires commencent à être derrières nous (banques) et nous devons désormais nous occuper uniquement de la problématique du développement de l'économie». Cette performance, explique M. Trabelsi, est le résultat direct des mécanismes introduits par la Banque d'Algérie (BA) depuis l'année dernière pour résorber l'excès des liquidités bancaires et contenir l'inflation. Elle est ensuite soutenue par les nouvelles facilitations des procédures bancaires décidées par le gouvernement depuis le début de l'année. Ces dernières mesures ont conduit à relancer les crédits à l'économie, qui ont cru de 14% à fin juin dernier, un taux de croissance «atteint actuellement à peine dans deux ou trois pays dans le monde», selon le délégué général de l'Abef. La BA a introduit en janvier dernier un nouvel instrument de politique monétaire qui consiste à faire profiter les liquidités bancaires reprises pour six mois à une rémunération de 1,5%. En 2012, elle avait augmenté le montant de ces reprises à 1 350 milliards (mds) de dinars contre 250 milliards de dinars auparavant. Le taux de constitution des réserves minimales obligatoires a été en outre relevé de 9% à 11%. Grâce à ces mécanismes, la liquidité bancaire s'est contractée à 2 542,5 mds de dinars (environ 34 mds usd) à fin juin 2013, contre 2 876,2 mds de dinars à fin 2012, selon les chiffres avancés récemment par le gouverneur de la BA, Mohamed Laksaci, qui assurait que «l'excès de liquidités a été résorbé de manière effective». Cette situation s'est accompagnée d'un recours moindre des banques à la facilité de dépôts à 24 heures, qui a porté sur 164 mds de dinars seulement durant le premier semestre, contre 838 mds de dinars à fin 2012, a détaillé M. Laksaci. L'assèchement de l'excès de liquidités bancaires a eu lieu simultanément avec un rebond remarquable des crédits à l'économie accordés par les banques de la place au cours des six premiers mois de l'année. L'encours de ces crédits a atteint 4 902,5 milliards de dinars (65 mds usd) à la fin juin, progressant de presque deux fois de plus que leur croissance à fin juin 2012 par rapport au premier semestre de 2011, selon la BA. Près des trois quarts de ces crédits, soit 71%, sont accordés à moyen et long terme et destinés, donc, à l'investissement. Mais pour M. Trabelsi, une croissance des crédits à l'économie est certes un indicateur «très rassurant sur le plan macroéconomique» mais elle reste «insuffisante» pour une réelle croissance industrielle au moment où le pays compte seulement 300 entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires supérieur à deux milliards de dinars. L'introduction de mesures structurelles, notamment de régulation du marché, s'impose alors, selon lui. «La part de l'industrie dans le PIB a reculé de manière significative ces dernières années ce qui veut dire que l'acte de produire demeure peu compétitif en Algérie», a averti M. Trabelsi en soutenant que les PME «n'avaient pas seulement besoin de financements mais aussi d'un environnement favorable à l'investissement». Il a surtout pointé du doigt la défaillance des mécanismes de régulation des importations, une défaillance nuisible pour la production nationale, selon lui. Interrogé sur la position de l'Abef concernant la récente proposition de l'Ugta (Union générale des travailleurs algériens) de réintroduire l'autorisation d'importation comme moyen de contenir la lourde facture des importations de l'Algérie, M. Trabelsi a exprimé son opposition à toute tentative de régulation administrative. Ce mode de régulation «a déjà montré ses limites», a-t-il argué en appelant plutôt à des mesures de régulation «indirecte». Il s'est dit enfin optimiste quant à un aboutissement «rapide» des propositions des banques relatives à la dépénalisation du risque lié au crédit. B. A.