Malik Boumati Des dizaines de personnes ont marché, hier samedi à Tizi Ouzou, à l'appel de la famille d'une jeune femme décédée, la semaine dernière, au CHU de Tizi Ouzou, suite à son accouchement à la clinique de gynécologie obstétrique Sbihi Tassadit de la ville. Partis de la place de l'ancien siège de la mairie, aujourd'hui musée de la ville, les manifestants se sont dirigés en silence vers la clinique Sbihi pour exprimer leur mécontentement et accuser le personnel de cet établissement hospitalier spécialisé de négligence. Devant le portail d'accès, le directeur de l'établissement et le directeur de la santé et de la population (DSP) ont accepté de sortir pour rencontrer les manifestants et écouter leurs doléances. Le mari de la parturiente décédée, sa mère, sa sœur, des membres de sa famille et des voisins et amis étaient présents et ont pris la parole pour affirmer que le décès de leur proche est survenu suite à une négligence du personnel de l'établissement. Le mari et la sœur de la victime ont même raconté certains détails du drame, notamment les coups de téléphone échangés avec la victime au moment où elle faisait une hémorragie quelques heures après avoir accouché d'une fille. Pour les deux proches de la défunte, la négligence est indéniable puisque le personnel de la clinique était absent pour un long moment depuis le début de l'hémorragie qui a coûté la vie à la jeune maman. L'époux de la victime est décidé à aller vers la justice pour faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé, affirmant que si la négligence était avérée des sanctions devraient tomber. Il a également indiqué qu'il avait «confiance en la justice de (son) pays». De son côté, le directeur de l'EHS, M. Amrar n'a pas manqué de rassurer les manifestants présents quant aux éventuelles sanctions qu'encourent les membres du personnel dont la négligence est prouvée. Il rappellera cependant les conditions difficiles dans lesquelles travaille le personnel de son établissement, notamment en ce qui concerne ses capacités d'accueil limitées, fonctionnant à au moins 123% de ses capacités. Pour «contrer» la réputation de la clinique en matière de mortalité maternelle, M. Amrar a indiqué qu'elle est d'un taux de 29 décès pour 100 000 naissances, soit loin du national de 70 décès. Répondant aux dénonciations des membres du personnel qui exercent également dans les cliniques privées, le nouveau directeur de wilaya chargé de la santé, installé récemment, s'est engagé à y mettre fin. «Il n'est plus question qu'un membre du personnel ait un pied dans le public et un autre dans le privé et je n'attendrai pas demain pour combattre cela», a affirmé le premier responsable local du secteur. Il rappelle cependant qu'il n'existe pas un taux zéro de mortalité maternelle ni à Sbihi, ni dans les autres établissements algériens ni dans le monde. Pour rappel, ce n'est pas la première fois qu'une parturiente décède suite à un accouchement à la clinique Sbihi de Tizi Ouzou. Au moins sept décès ont été recensés depuis décembre 2012, mais c'est la première fois que cela conduit vers une protestation de rue. C'est vraisemblablement la première fois que les proches d'une défunte sont convaincus de la négligence. Reste que le juge d'instruction a déjà commencé les auditions dans cette affaire, selon les déclarations du DSP, qui s'est déclaré prêt à sévir contre les membres du personnel coupables de négligence. M. B.