Le cinquième jour du Salon international du livre d'Alger, coïncidant avec un jour férié célébrant le premier jour de l'année hégirienne, et le repos scolaire, a été marqué dès la matinée par un afflux massif du public composé majoritairement de familles accompagnées d'enfants de tout âge. Dès l'entrée du pavillon central, au niveau du grand stand du pays invité d'honneur de cette édition, la Belgique, les visiteurs sont conviés à assister à l'animation autour du conte pour enfants, et lecture de textes choisis d'auteurs de Wallonie et de Bruxelles présentés par Patricia Beudin. L'auditoire composé majoritairement d'adultes, était suspendu aux lèvres de la talentueuse conteuse, découvre la magie des contes belges. Patricia Beudin, qui a exercé en tant qu'enseignante dans de nombreux pays, notamment en Algérie, se consacre à la lecture du conte depuis une vingtaine d'années, notamment dans des écoles, des musées, des bibliothèques et des lieux aussi insolites que des fermes et des jardins publics. Formée à la lecture de contes par les meilleurs maîtres en la matière, elle a réussi grâce à son talent à remporter le Prix du jury et le Prix du public au Festival du conte de Surice en 2009 et une mention spéciale au Prix du Festival du conte de Chiny, en 2011, pour «sa capacité à susciter les émotions». Le conte était également à l'honneur aux éditions Alpha, où se déroulait la vente-dédicace de la conteuse Malika Ouali, présentant les nouvelles publications de la collection jeunesse avec des titres aussi attrayant que Loundja bent el ghoul, Ghazal oua Nahra, Mohand Lebghal et les Aventures de Si Ramdane. Malika Ouali confie que «c'est à travers mon expérience d'enseignante en langue arabe que je me suis rendu compte qu'il existe une réelle demande de la part des parents pour les livres des contes de notre patrimoine oral». «C'est pour cela que je me suis attelée à l'écriture de ces contes qui tendent à disparaitre, car il est important de transmettre aux nouvelles générations la sagesse populaire de nos aïeux», ajoutera-t-elle. La conteuse s'attèle également dans l'écriture de ses textes à mettre des phrases en dialecte algérien ou en amazigh afin de transmettre la beauté de la poésie de ce patrimoine oral. Malika Ouali soulignera toutefois qu'elle s'est attelée à donner une touche de modernisation à ses contes en les réadaptant aux enfants d'aujourd'hui qui baignent dans l'omniprésence du visuel et des nouvelles technologies. Pour cela elle a fait appel à une grande illustratrice, Lina Mimoun, afin que les dessins illustrant les contes soient modernes et attractifs pour les jeunes lecteurs. Malika Ouali a ajouté à propos de la lecture à l'école qu'il faudrait une plus grande implication des ministères de l'Education et de la Culture pour sa promotion et même si l'initiative d'imposer des lectures de livres et des fiches de lecture est louable, il sera plus judicieux d'imposer une liste de titres d'œuvres littéraires de nos grands auteurs algériens. Au niveau du stand coloré et attractif avec ses dessins de personnages de contes universels de la maison d'édition de Dar El Maarifa, les étalages sont pris d'assaut par les enfants qui imposent à leurs parents l'achat de tel ou tel ouvrage. Les adultes tentent de négocier difficilement et finissent par céder aux caprices de leurs bambins. Il faut que les prix soient attractifs autant pour les ouvrages éducatifs que pour les livres de contes. A ce propos le responsable de cette maison d'édition, Khaled Harkat, souligne: «Au fil de nos participations au Sila, on a remarqué un engouement de plus en plus marqué pour les livres de contes. C'est vrai que les livres parascolaires sont toujours les plus prisés mais les contes et la littérature jeunesse pour les différents âges attirent de plus en plus de lecteurs.» La littérature africaine est également à l'honneur au Sila, avec les ventes-dédicaces de la matinée organisée au niveau de stand Esprit Panaf. Ainsi l'auteur Malien, Paul-Marie Traoré, qui a remporté le prix du meilleur Manuscrit en 2012, pour son premier roman, Pour un adultère, publié aux éditions Tombouctou, s'est attelé à dédicacer son roman en prenant le temps de discuter avec les lecteurs autour de son œuvre dont le titre a suscité moult interrogations. Les lecteurs lui posaient inéluctablement la question sur la situation au Mali, il a répondu sur un ton plein d'espoir et d'optimisme sur l'avenir de son pays. Il soulignera à propos de l'intérêt des lecteurs algériens pour la littérature africaine : «Je suis très heureux de découvrir que les Algériens sont très friands de découvrir et de lire les auteurs maliens et africains en général. La preuve, nous avons sous-estimé cet engouement et nous sommes déjà arrivés à l'épuisement du deuxième lot de mon roman qui a suscité beaucoup d'intérêt dans le cadre de ma participation au salon.» L'auteur Malien, a également souligné l'importance d'organiser ce genre de rencontres entre les auteurs et les lecteurs afin de renforcer le lien entre les différents acteurs du secteur du livre et ainsi promouvoir la littérature africaine.En ce jour, alors que l'après-midi est largement entamé, la foule devient de plus en plus dense au niveau du pavillon central où il devient de plus en plus difficile de circuler entre les allées tant les visiteurs sont nombreux, démontrant encore une fois l'attractivité du sila qui agit comme un véritable aimant sur les Algériens. Espérant qu'on saura capitaliser et exploiter cette attractivité pour promouvoir le livre et attirer jeunes et moins jeunes à la lecture. S. B.