Les mâchoires de l'étau se resserrent sur le Maroc. Sur le plan politique, Rabat s'est fait franchement incendier par trois rapports sur les Droits de l'Homme et la torture, le premier exigé par le Congrès américain du Département d'état pour l'accord de l'aide américaine, notamment militaire, le deuxième de Christopher Ross, l'Envoyé spécial pour la Sahara occidental du Secrétaire général de l'ONU, et le troisième du conseiller du Parlement européen, Charles Tannock. Sur le plan économique, la situation du Maroc dont l'économie a été fortement et négativement impactée par la crise en Europe, n'est pas des plus enviables. Dans sa dernière revue macro-économique, le Fonds monétaire international (FMI) a d'ailleurs souligné la fragilité des comptes extérieurs, la perte de compétitivité de l'économie marocaine et la non soutenabilité du système de subventions aux produits de base. Et ça ne s'arrange pas. Dernier coup dur : l'accord de pêche avec l'UE décrié par des eurodéputés et qui risque de passer à la trappe. Le parlementaire européen, l'Espagnol Raul Romega, a qualifié cet accord d'«illégal car contraire au droit international». Par cet accord, le Maroc ne cherche pas une relation commerciale mais un soutien politique de l'UE à son occupation du Sahara occidental, dira-t-il devant la commission de la pêche et de l'agriculture du Parlement européen. Plus incisif, il dénoncera la position de l'Espagne et de la France qui manœuvrent à «nous amener à cautionner ce plan et satisfaire le Maroc». Aussi, le parlementaire européen a-t-il demandé, en respect du droit international et des recommandations juridiques du Parlement européen, l'exclusion des eaux territoriales du Sahara occidental de cet accord, ce qu'ont déjà fait les Etats-Unis dans leurs accords avec le Maroc. M. Romega sera rejoint par plusieurs eurodéputés espagnols, suédois et finlandais dont la suédoise Isabella Lovin qui, pour soutenir la position, citera la consultation juridique de l'ONU selon laquelle «toutes les conventions portant sur les richesses naturelles d'un peuple qui ne jouit pas encore de son droit à l'autodétermination doivent requérir l'approbation de ce dernier» et lui profiter directement ou indirectement. En réponse à la présidente de la commission, l'Espagnole Carmen Fraga, qui a essayé de défendre l'accord, Mme Lovin lui demandera son opinion sur la mise en garde du Front Polisario au Parlement européen «contre toute implication dans le pillage des ressources naturelles du peuple sahraoui». «Le Front Polisario est le seul et unique représentant légitime du peuple sahraoui avec la reconnaissance de l'ONU, ce qui prouve que les Sahraouis n'ont été ni contactés ni consultés au sujet de leurs richesses naturelles», argue l'eurodéputée qui ne manquera pas de dénoncer le black-out imposé par le Maroc pour tout ce qui touche de près ou de loin le Sahara occidental, les territoires occupés et les Droits de l'Homme. Elle en est la preuve vivante. Ayant décidé de se rendre avec trois autres eurodéputés au Sahara occidental et de rencontrer les Sahraouis et les autorités marocaines, elle a avisé, personnellement, toutes les parties y compris l'ambassadeur du Maroc auprès de l'UE de leur intention, mais Rabat les en a empêchés. H. G.