La nécessité d'une vision stratégique destinée à promouvoir les exportations hors hydrocarbures a été souvent mise en exergue par les pouvoirs publics et les experts économiques. Et ce, depuis la crise qui a ébranlé l'économie algérienne suite à la chute vertigineuse des prix du pétrole durant les années 1980. Cette crise a montré la vulnérabilité de l'économie algérienne. Une économie qui demeure très dépendante de la rente pétrolière (97%). Depuis le début de la décennie 1990, l'Algérie s'est ainsi lancée dans une dynamique de mise en œuvre d'un processus de réformes économiques substantielles à la faveur notamment d'une politique globale d'ouverture de son économie sur le marché international et de diversification des produits destinés à l'exportation. Dans cette optique, un programme de mise à niveau du cadre juridique et institutionnel de l'économie algérienne a été engagé, dans le but d'assurer les meilleures conditions de son intégration dans le processus de mondialisation et d'échange avec les marchés extérieurs, mais surtout d'accompagner les entreprises dans leurs engagements sur les marchés internationaux et de promouvoir ainsi les exportations hors hydrocarbures. Cependant, malgré les efforts engagés par les pouvoirs publics, les résultats enregistrés semblent loin de l'objectif de deux milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures avancé depuis la fin des années 90. Ainsi, après plus d'une vingtaine d'années de réformes et d'actions des pouvoirs publics, l'économie algérienne reste totalement dépendante des hydrocarbures. En effet, selon le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis), les exportations hors hydrocarbures ont atteint 1,66 milliard de dollars, durant les neuf premiers mois de 2013, représentant ainsi 3,36% du volume globale des exportations. Un taux qui reste «très marginal», estime le directeur général de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), Mohamed Benini, selon qui «plus de la moitié des produits hors hydrocarbures exportés sont généralement issus du raffinage des hydrocarbures : engrais et produits dérivés du pétrole,essentiellement». Selon les observateurs de la scène économique nationale, les PME algériennes semblent être le maillon faible du processus de promotion des exportations. La contre-performance des secteurs hors hydrocarbures sur le marché international est imputée, expliquent-ils, à la difficulté que rencontrent les PME pour gagner en compétitivité à l'international, mais également à la culture entrepreneuriale des chefs d'entreprise qui, à son tour, contraint les PME à se positionner sur le marché international. S'ajoutent à cela, le faible nombre d'entreprises exportatrices (une centaine dont 40 seulement exportent de manière permanente). Un chiffre «insignifiant», jugent les experts, vu les performances des pays voisins et Européens. En France, à titre d'exemple, les entreprises exportatrices sont au nombre de 120 000. En Allemagne, ces PME exportatrices sont au nombre de 400 000 contre 200 000 en Italie. N'ayant pas atteint le stade de se développer à l'international, les entreprises devaient ainsi s'organiser sous forme de groupes ou de coopératives pour être compétitives à l'international, suggèrent les experts en la matière. En Allemagne, 80% des exportations sont réalisées par des entreprises de 50 à 250 salariés. Mais, en Algérie, cette catégorie d'entreprises ne dépasse pas 0,5% de l'ensemble des entreprises existantes. Ainsi, le développement des exportations hors hydrocarbures nécessite une démarche offensive à l'international de la part des entreprises et une capacité à s'adapter au nouveau contexte de mondialisation et à affronter leurs concurrents étrangers sur leurs propres marchés. Un défit qui pour le relever, il importe de mettre en place des dispositifs d'accompagnement des PME à l'international, et ce, par la présence sur les marchés ciblés des structures d'appuis telles que des représentations bancaires, compagnies d'assurances nationales et le développement d'un réseau de chambre de commerce. Il est à souligner qu'à la fin de 2013, il est prévu d'atteindre 2,5 milliards de dollars, en termes d'exportations hors hydrocarbures, contre 2,1 milliards de dollars en 2012, selon le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri. Ce dernier ne manque pas de signaler, à ce titre, que l'Algérie possède des «qualifications» et des «capacités financières» à même «de dynamiser les exportations hors hydrocarbures». Toutefois, fait-il remarquer, «les lenteurs dans l'application des mesures sont une forme d'entrave aux objectifs tracés». B. A.