Les crimes de guerre se poursuivent loin des salons feutrés des médiateurs et diplomates du monde entier qui... préparent des rencontres pour la semaine prochaine ou annoncent des initiatives dans les jours à venir. Israël, non inquiété, massacre les enfants de Ghaza. Après le bombardement de trois écoles de l'ONU dans lesquelles s'étaient réfugiés des dizaines de femmes et d'enfants -ayant tous péri-, l'armée israélienne s'est attaquée à des équipes médicales venant en aide à des blessés. L'affirmation vient d'une ONG israélienne, Physicians for Human Rights (PHR), qui a indiqué que «les IDF [l'armée israélienne] attaquent des équipes médicales qui veulent aller secourir des blessés, dont des ambulances et des docteurs en tenue médicale [...]». De son côté, la Croix-Rouge à Ghaza a déclaré : «Nous ne pouvons faire sortir les ambulances car, aussitôt parties, on leur tire dessus avec des Apache.». L'ONG dénonce une situation «extrêmement dangereuse», rappelant que les équipements médicaux et le personnel médical sont censés bénéficier d'une neutralité médicale et d'une protection spéciale. La veille, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué que des personnes blessées étaient décédées car les ambulances n'avaient pu les secourir à temps. Sur le plan humanitaire, c'est le chaos. Les agences de l'ONU ont un urgent besoin de fonds pour couvrir leurs opérations dans la bande de Ghaza et ont demandé 67 millions de dollars supplémentaires pour faire face à l'aggravation de la situation humanitaire. Il faut immédiatement 117 millions de dollars pour couvrir les besoins prioritaires. Au 6 janvier, les donateurs avaient promis 40 millions de dollars, mais 16 millions seulement ont été effectivement reçus, a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). L'agence des Nations unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) a demandé 34 millions de dollars supplémentaires pour la nourriture, le fioul, l'argent liquide, et des abris pour les nouvelles personnes déplacées par l'offensive israélienne. Le Programme alimentaire mondial (PAM), qui vient en aide habituellement à 265 000 Palestiniens dans la bande de Ghaza, souhaite élargir ses distributions à 50 000 personnes supplémentaires. A cela s'ajoute le risque qui guette dix mille habitants de la bande de Ghaza : celui de se noyer dans des eaux usées, suite à l'effondrement du système d'égouts, causé par les bombardements israéliens, comme a averti hier la Banque mondiale (BM). Les pompes qui évacuent les eaux usées vers des bassins dans le nord de la bande de Ghaza ont cessé d'opérer faute de courant électrique et de fioul, a précisé la BM dans un communiqué. Par ailleurs, les murs du bassin de Beit Lahiya «sont menacés par le souffle des bombes qui explosent à proximité et d'éventuelles pluies», ajoute le communiqué. «La destruction des structures du bassin pourrait mettre en péril dix résidants des secteurs avoisinants menacés de noyade et constituerait un désastre environnemental et sanitaire», affirme la Banque mondiale. Malgré la dénonciation, depuis plusieurs jours, par des agences onusiennes et les organisations humanitaires du risque d'une crise totale à Ghaza, ce n'est qu'hier, et après environ 700 victimes et 3 000 blessés, qu'Israël a daigné ouvrir un couloir humanitaire tout en persistant dans son refus d'arrêter l'offensive. Le Premier ministre Ehud Olmert a annoncé l'ouverture de ce couloir humanitaire «afin de prévenir une crise humanitaire dans la bande de Ghaza. Cela implique l'ouverture de secteurs géographiques pour des périodes limitées de temps pendant lesquelles la population sera en mesure de recevoir de l'aide». Il n'a toutefois pas précisé la date exacte de l'ouverture du corridor. Rien ne presse Israël d'ouvrir ce corridor puisque les régimes, au lieu d'agir, se limitent qui à recueillir des dons, qui à lancer des appels au libre accès humanitaire ou encore à coordonner l'accueil d'enfants blessés. Mais ils ne décident de rien de concret pour arrêter le massacre. A l'exemple de l'Egypte qui, après avoir fermé le tunnel de Rafah, annonce l'élaboration d'un plan de secours pour faire face à un éventuel afflux massif de Palestiniens fuyant les combats dans la bande de Ghaza. H. Y.