Nasser Hannachi Les ménages à revenus modestes et statiques n'en peuvent plus de subir les conséquences des fluctuations négatives et de la hausse des prix. Ni augmentations de salaires ni rappels n'ont pu aplanir un pouvoir d'achat fluctuant et faisant mal à la poche. Les récentes enquêtes effectuées par l'Office national des statistiques (ONS) révèlent leurs difficultés. Mais le taux d'inflation ne reflèterait pas toute l'étendue du malaise. Il serait plus intense, de l'avis des observateurs, renvoyant ce pourcentage «modéré» de l'inflation aux fortes «subventions» par le Trésor public. Au moins 59 000 DA sont nécessaires mensuellement au simple foyer pour boucler la fin du mois, selon l'enquête menée par l'Office national des statistiques (ONS), qui a mis presque toute la lumière sur la détérioration du pouvoir d'achat du ménage algérien. Pour un salarié qui perçoit le Snmg (Salaire national minimum garanti), cette fourchette relève de l'impossible. Avec une hausse dans l'indice des prix à la consommation qui a grimpé de plus de 10% en raison de l'augmentation des produits alimentaires, 42% des dépenses totales sont consacrées à la nourriture. Pis, ce sont les prix des produits alimentaires (non subventionnés) qui ont connu des hausses vertigineuses, surtout les produits frais (légumes, fruits, viandes et poissons). Malgré la hausse des salaires consentie ces dernières années dans le secteur public et la hausse du Snmg, le pouvoir d'achat n'a pas survécu à l'inflation galopante. Ce qui malmène toujours les bourses moyennes algériennes. Certains observateurs économistes ne cachent pas leur inquiétude devant le taux d'inflation qui, selon eux, ne reflète pas réellement la valeur exacte car étant voilé par les subventions. «On serait à quelques degrés de plus sur les 4,7% entérinés par les gestionnaires économiques du pays», ont-ils évalué. Se basant sur une économie entièrement rentière, on ne pourra stabiliser un tant soit peu une trésorerie trop convoitée et un pouvoir d'achat minant les couches moyennes. Aspirer à mieux doit absolument passer par les investissements notamment et par la lutte contre la corruption. C'est le langage des économistes, partagé avec quelques partis politiques en Algérie. Les derniers chiffres communiqués par l'Office national des statistiques (ONS) illustrent le degré de «dangerosité» dépensier auquel la population est confrontée ces trois dernières années. Le premier trimestre de 2013 aura mis à nu l'incapacité des souches moyennes au revenus fixes à surmonter cette folie «du dinar» en raison d'une inflation érosive quoiqu'attendue selon le pronostic établi par le même organisme en 2012 , attestant que le processus risquerait de s'amplifier en 2013. Certes, le taux d'inflation a enregistré un recul en passant de 7,3% durant le premier semestre 2012 à 4,75% durant la même période 2013, mais les voyants indiquent une instabilité puisque le taux visé par le gouvernement n'a pas encore été atteint, à savoir 4%.Un retard, si l'on peut dire, généré par les augmentations de salaires durant ces trois dernières années et un excédent de liquidité ayant participé à des importations « intenses». Et la récente dépréciation du dinar aura aggravé la situation même si de la part de la centrale on y rattache que peu de points. Le retour de l'inflation en Algérie était prévisible de l'avis des spécialistes qui évoquent certains indices indéniables, dont la disproportion entre «la dépense publique et les impacts économiques et sociaux», l'absence de valeur ajoutée, l'existence d'une sphère informelle dépassant les 60% qui détient de fait, et de manière tacite, le monopole sur les produits de première nécessité auxquels les familles consacrent la part du lion de leur budget. Les experts parviennent à un constat sans équivoque. Il faudra revoir la gouvernance avec de nouveaux dispositifs menant à une bonne régulation de la production nationale. Un train qui pourra apporter une valeur ajoutée sûre. Celle qui fait défaut dans la configuration économique actuelle basée sur «la rente sans peine». Aussi la cotation du dinar étant une exigence pour briller économiquement dans les régions de la méditerranée et l'Afrique. En clair, il faut divorcer avec la rente en se lançant dans une économie certaine avec ses variations puisées dans un terrain réel loin de l'informel et des transactions parfois oiseuses pour l'économie nationale. Si l'inflation «comptait» se stabiliser d'ici quelques mois, ce serait encore sur le dos des «subventions», alertent quelques sources universitaires. Encore que son taux devra être calculé sur la base de produits aux coûts variables, loin de ceux de large consommation qui sont, eux, subventionnés et donc invariables. C'est seulement à ce moment là qu'on pourra espérer faire le buzz économique et parvenir à une embellie dans le pays. N. H.