Le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah) et l'Université de Tempere de Finlande, en partenariat avec l'ambassade de Finlande en Algérie, organisent depuis hier, à la Bibliothèque nationale du Hamma, le premier colloque international algéro-finnois intitulé «L'étoile Polaire sous les charmes du Sud» avec comme thématique principale les défis communs des sciences sociales et humaines en Algérie et en Finlande. Lors de la séance d'ouverture de cette manifestation inédite, le directeur du Cnrpah, Slimane Hachi, a souligné que «l'Algérie et la Finlande partagent beaucoup de choses en commun, d'un point de vue historique et culturel et qu'il était important de mettre en exergue et de faire connaître ces points communs à travers cette rencontre entre universitaires et chercheurs, notamment autour de cette question du développement des sciences humaine et sciences sociales». Il ajoutera que ce colloque vise également à faire connaître l'Algérie aux Finlandais et la Finlande aux Algériens sur un certain nombre de thèmes, dont ceux consacrés aux développements scientifiques mais aussi culturels à travers le séjour du grand écrivain Mohamed Dib en Finlande et son impact sur son écriture et sur la littérature algérienne à travers ce qui est communément appelé la trilogie nordique de Dib. Quant à Tuomo Melasuo, professeur, directeur de Tapri, à l'Université de Tempere, il a mis en exergue le fait que l'université finlandaise tient compte de l'importance dans le contexte historique actuel des sciences humaines et sociales, surtout en Afrique du Nord. Il a estimé à cet effet que «ces sciences sont cruciales et essentielles pour la compréhension des enjeux sociopolitiques, dont le volet le plus important est l'étude des conditions de vie de la jeunesse et comment ils perçoivent leur avenir. Ces études sont en réalité un réel investissement pour la construction de l'avenir». L'intervenant a ainsi estimé que l'histoire des sciences sociales en Afrique du Nord a commencé dès le 19e siècle avec Westermarck, considéré comme le père des sciences sociales finlandaises et dont le tiers des travaux a été consacré à l'étude des sociétés du Maghreb de 1898 jusqu'à sa mort en 1939. Il a également souligné que depuis 2010, suite aux printemps arabes, l'attention des médias et des études scientifiques finlandaises s'est amplifiée. La première conférence à être donnée dans le cadre du colloque a été présentée par l'ambassadrice de Finlande à Alger, Hannele Voionmaa, sur le thème «Rencontres algéro-finlandaises : deux écrivains-journalistes en Algérie entre1876-1884» L'ambassadrice a d'emblée souligné que «la Finlande n'est éloignée que de 2 900 km de l'Algérie, soit la même distance qui sépare le nord algérien de son extrême sud et, finalement, nos deux pays ne sont pas si éloignés l'un de l'autre et on aspire à les rapprocher plus à travers cette rencontre». «Nous couronnons également une année riche d'échanges entre l'Algérie et la Finlande. Cette rencontre est la suite d'une série de visites bilatérales ministérielles, d'experts scientifiques et de délégations économiques et politiques ainsi que d'échanges culturels», ajoutera l'ambassadrice. La diplomate a ensuite présenté, à travers sa conférence, l'ouvrage exceptionnel des récits de voyage de deux journalistes finlandais qui ont visité l'Algérie entre 1876-1884. Ces deux journalistes ont «voyagé en bateau, en carrosse, à cheval, en train, en chameau, d'Annaba, en passant par Skikda, Constantine, Batna, Oran, Tlemcen, Sidi bel abbès et Blida jusqu'à Alger, surnommée ‘‘La ville scintillante''». Elle a souligné que ces écrits ont permis au grand public finlandais de découvrir de près l'Algérie, sa biodiversité, ses structures sociales avec les différentes coutumes et festivités, son architecture et la diversité de ses régions et de son peuple. Mais cela a aussi permis de découvrir son histoire et la situation sociopolitique de l'époque, en soulignant que «le seul désir véritable était la volonté d'indépendance». Parfaitement conscients de ce désir d'indépendance des Algériens, ces deux témoins venus d'un pays lointain, ont fait preuve de beaucoup de compassion et de solidarité avec le peuple algérien, un sentiment perceptible à travers ce récit de voyages où il est subtilement mis en exergue les conditions difficiles des Algériens. L'ambassadrice a confié à ce propos que «ce qui est très surprenant dans ces œuvres, c'est les hautes connaissances de l'Algérie profonde, des régions d'Algérie et de son histoire chez les Finlandais en 1870 notamment à travers Massinissa, Jugurtha, Syphax et les héros d'Afrique du Nord qui ont résisté à l'invasion romaine». Cette première matinée a également été marquée par les interventions de Ari Kerkkänen, directeur de Fime (Finnish Institute in the Middle East - an Academic and Cultural Bridge between Finland, Middle East and North Africa), Hassan Remaoun, Professeur à l'université d'Oran et chercheur au Crasc, Abdelghani Maiche, professeur à l'Université de l'Est de Finlande, Rachid Bellil, directeur de recherches au Cnrpah, et Joonas Maristo de l'Université de Tempere UIa qui a présenté : «Ibn Khaldun -historien et précurseur de la sociologie moderne» S. B.