La pollution sous toutes ses formes et la dégradation de l'environnement ont atteint des seuils intolérables qui portent sérieusement atteinte à la santé des populations et menacent de disparition la faune et la flore vivant sur le territoire national. «La sonnette d'alarme est tirée et il s'agit pour les pouvoirs publics de prendre toutes les mesures pour arrêter le massacre et enclencher un processus à même d'inverser la situation, autrement ce serait une catastrophe écologique irréversible.» C'est ce qu'a déclaré à La Tribune, hier à Annaba, M. Ali Halimi président de l'association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (Anpep). Dans un communiqué diffusé avant-hier et faisant état d'un rapport d'enquête sur les déchets liquides et solides rejetés par les unités de production des zones industrielles des wilayas d'Annaba, Guelma et Skikda, l'Anpep rapporte que la situation est vraiment alarmante du fait de la propagation, la dispersion et la multiplication des déchets solides dans le périmètre de ces zones où l'on procède à leur incinération sans aucune forme de contrôle. Les déchets liquides sont déversés en l'état dans des rivières et des cours d'eaux, les polluant et constituant ainsi un danger pour la faune y vivant, polluant les nappes phréatiques et par conséquent les élevages et les cultures. «L'Anpep tient pour responsables, en premier lieu, les propriétaires des unités industrielles, et à un degré moindre l'administration chargée de la gestion de ces zones pour ne pas avoir joué son rôle de surveillance et de contrôle de ces unités», est-il notamment souligné dans le communiqué qui affirme qu'un rapport détaillé sur cette situation a été adressé au ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire ainsi qu'au département de l'industrie et des mines pour que des mesures coercitives soient prises, entre autres des contrôles rigoureux au niveau des zones industrielles dans la gestion des déchets et l'application stricte des lois à l'encontre des unités contrevenantes. Selon l'Anpep, des enquêtes et des études scientifiques menées au niveau du territoire national ont établi que la pollution industrielle, urbaine, liquide et solide touche 99% des oueds, cours d'eau et rivières. La quantité des déchets solides rejetés est de 1 148 300 tonnes par an, celle liquide est estimée à 10 millions de mètres cubes dont 3 millions sont des huiles askarel, huiles à base de polychlorobiphénile (P.C.B.), très dangereuses et cancérigènes et 700 millions de m3 d'eaux usées dont 220 millions sont chargées de métaux lourds industriels. Ceci aura pour effet, la mort et la contamination de milliers de tonnes de poissons par an, une baisse sensible des rendements agricoles, la pollution totale des eaux souterraines et des nappes phréatiques, la prolifération incommensurable des insectes ainsi que l'apparition de microbes qui menaceront la santé publique. M. R.