S'exprimant au sujet des prochaines élections présidentielles de 2014, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, s'est dite «contre la bipolarité» entre un candidat du pouvoir et un autre de l'opposition, arguant que cela ouvre la voie à l'ingérence étrangère dans des crises, comme cela s'est produit dans d'autres pays, notamment l'Egypte. Dans une conférence de presse, tenue hier au siège national du parti, Mme Hanoune s'est prononcée pour la liberté de candidature, tout en indiquant qu'elle ne soutiendra pas un candidat de l'opposition car, dit-elle, cela veut dire «un magma, un patchwork». Elle a d'ailleurs estimé que, sur le plan économique, «les partis d'opposition, auteurs de la récente déclaration n'ont pas de programmes communs» mais qu'«ils sont libres dans leurs démarches». La secrétaire générale du PT a soutenu, en outre, la création d'une commission unique pour l'organisation des élections présidentielles du début à la fin, en rappelant avoir introduit une proposition dans ce sens, lors des consultations pour les réformes politiques lancées par la commission de Bensalah. Selon elle, «il n'est pas normal que cette opération soit confiée au ministre de l'Intérieur, qui annonce les résultats avant la fin de l'opération de dépouillement». Puisque la politique c'est l'art du possible, l'oratrice dira s'en tenir encore à cette proposition surtout, devait-elle arguer, que le peuple est en attente de gages pour retrouver la confiance et aller voter. Cela étant, en s'en tenant aux conclusions du 7e congrès du parti, Louisa Hanoune a affirmé que son parti n'a pas encore tranché de manière définitive sa position à l'égard de la prochaine présidentielle. Cette décision sera prise à l'issue de la prochaine session du Comité central du parti devant se réunir dans un mois. Le PT définira enfin sa décision, si Louisa Hanoune sera la candidate du parti, même si les congressistes ont, lors du dernier congrès, affiché leur intention de la designer comme candidate. Quant à la question d'un éventuel soutien au candidat du pouvoir, la SG du PT a rappelé que son parti ne l'a jamais fait en tant que tel, mais que «notre soutien porte sur les programmes et décisions». «Nous sommes un parti indépendant, nous ne pouvons jamais voter pour un programme en bloc, surtout, avec l'existence de décisions contradictoires», a-t-elle affirmé. «Notre souveraineté est notre première condition pour soutenir une candidature, sinon, le parti avancera son propre candidat», ajoutera-t-elle. Interrogée précisément au sujet de l'éventuelle candidature de Abdelaziz Bouteflika, elle a d'abord indiqué : «Nous ne savons même pas si Bouteflika se présentera. Ensuite, c'est à lui de trancher sa candidature en toute souveraineté, en fonction de sa situation et de son état de santé.» «Nous sommes contre la limitation de mandats, mais pour la révocabilité du mandat», a martelé Mme Hanoune avant d'ajouter que «Bouteflika a le droit de se représenter pour un autre mandat, s'il le désire. Aussi, le peuple a le droit de discuter son bilan, mais sérieusement». Un bilan de Bouteflika que Louisa Hanoune estime être «un échec total», à en juger par le processus de réformes politiques. Et de reconnaître, toutefois, que l'homme «a restauré la paix, mais pas seul». «Sur le plan économique, nous considérons que certaines décisions sont positives, mais cela reste insuffisant», dira Mme Hanoune. Par ailleurs, la SG du PT a plaidé pour le report de la révision constitutionnelle à l'après-élection présidentielle, la jugeant «absurde» avant cette échéance. Cela devrait avoir lieu dans le cadre d'une constituante a-t-elle expliqué. Néanmoins, «nous ne participerons pas à la cabale, à la campagne de dénigrement qui vise à assombrir l'image du pays à l'étranger», a affirmé, en substance, la première responsable du PT. Sur le plan organique du parti, la conférencière est longuement revenue sur les résultats du 7e congrès, dont les travaux ont été totalement ouverts à la presse, a-t-elle souligné, en affirmant que le slogan «Congrès résistantiel et facteur d'ordre» s'est vérifié grâce à la qualité des débats politiques des congressistes, particulièrement lors des 450 interventions enregistrées. Ensuite, la discipline n'a pas été un vain mot, selon la dirigeante du PT, qui s'est enorgueillie de «la totale réussite» du congrès. Au vu de ce qui précède, «le 7e congrès a prouvé que l'on peut encore exercer la politique à travers le débat d'idées, sans verser dans l'insulte et l'invective», a-t-elle indiqué, ajoutant qu'«il est encore possible de procéder à la recomposition politique du pays». En somme, elle a considéré que le 7e congrès a été «une victoire pour le parti, le pluralisme et la démocratie politique». 12 résolutions y ont été adoptées, a-t-elle fait remarquer, tout autant que le quitus financier du parti, à côté de l'innovation lui ayant permis de se réunir autour de la même table, avec le SG de l'Ugta, M. Sidi-Saïd, et des invités étrangers pour traiter des menaces contre les représentants des travailleurs et contre les pays. Mme Hanoune fait état, dans ce sens, de trois décisions, dont un accord avec l'Ugta pour la tenue d'un congrès international, qui combine entre la défense des organisations syndicales menacées avec la défense des pays contre les guerres de pillages impérialistes. Sidi-Saïd a donné, en outre, son accord pour ressusciter la fédération des travailleurs de la terre et a suggéré la création d'un syndicat national de la jeunesse, a indiqué, Mme Hanoune. S'agissant de la nouvelle direction, issue du congrès, notamment un comité central de 106 membres, qui a été élu à l'unanimité, elle s'est matérialisée par 30% qui représentent la continuité et 70% le renouveau. Louisa Hanoune a indiqué, en outre, qu'elle ne s'était pas portée candidate, mais qu'elle y avait été proposée par les congressistes. Cependant, elle devait relever que la quasi-totalité des médias ont été induits en erreur, suite à «une information infondée» de l'agence APS lui attribuant le nombre de sept mandats, alors que, a-t-elle fait remarquer, elle avait été désignée porte-parole en 1990, et qu'elle n'est élue que pour la troisième fois comme secrétaire générale du parti, un poste qui avait été occupé d'abord par feu Mustapha Benmohamed. Elle s'est enfin inscrite en faux contre les déclarations pessimistes de Zain Zeidan qui, en appelant à l'ouverture tous azimuts du marché, a prédit un retour à l'endettement du pays, s'attardant, en revanche, sur les informations des Douanes faisant état du taux de 60% de produits de contrefaçon en provenance en partie d'Europe. Elle devait apporter, suite à cela, un franc soutien à la proposition de Sidi-Saïd de rétablir l'autorisation d'importation au profit des ministères, dont la finalité est la protection de la production nationale. A. R.