Il existe plus de 400 000 vendeurs informels en Algérie selon des estimations officielles. Ce commerce parallèle comme l'appellent certains est un véritable casse-tête pour les autorités. Ce problème, malgré toutes les mesures prises par les plus hauts responsables de l'Etat, reste difficile à résoudre. Rappelons qu'il y a quelques mois, les autorités ont lancé une vaste opération d'éradication des marchés informels à travers tout le territoire national. Cette opération a permis de neutraliser plusieurs points noirs qui existent. Mais peu de temps après ce coup de poing draconien, tous ces espaces ont été réinvestis au vu et au su des pouvoirs publics. C'est dire que l'opération entreprise n'a été efficace que durant une courte période, et qu'il ne s'agit pas d'une solution radicale mais conjoncturelle, ce qui a permis aux vendeurs illicites de regagner leur place. Les services de sécurité procèdent souvent à une «chasse» aux vendeurs informels qui squattent les différentes places publiques et même les routes menant vers les marchés et gares de transport public et ce dans le but de mettre fin au marché «noir». Seulement, sans une vraie solution basée sur de vrais projets et des mesures strictes, ces opérations seront vaines, car dès que les éléments de police quittent les lieux, les vendeurs informels retrouvent leur place. Du point de vue économique, le circuit informel domine 60% de l'activité commerciale du pays, il est le principal écueil qui empêche le maintien d'un niveau de prix raisonnable sur le marché national. De plus, l'activité informelle, érigée en véritable économie parallèle, est à l'origine d'un préjudice annuel de plus de 500 milliards de dinars pour le Trésor public. Selon une estimation de l'Union des commerçants, l'essentiel de l'approvisionnement des 2/3 de la population provient de la sphère informelle. L'une des communes où l'informel est en train de gagner du terrain est la commune de Aïn Taya à l'est d'Alger. Toutefois, le commerce informel dans cette commune a une ampleur moindre par rapport à certaines communes de la capitale, où le phénomène s'est durablement enraciné, mais subsistent tout de même des points noirs qui se multiplient au fil des jours. Il existe deux marchés informels majeurs au niveau de cette localité, l'un au niveau de la route menant de Rouiba à Aïn Taya, où plusieurs vendeurs dressent leurs étals tout au long de la route menant vers la ville. Ce marché est la cause principale des embouteillages que connaît l'entrée de la ville à cause des vendeurs qui, en plus de dresser leurs étals sur le sol, garent aussi leurs véhicules. Sans oublier aussi le fait que plusieurs automobilistes empruntant cette rue s'arrêtent pour s'approvisionner, ce qui bloque la circulation routière avec des files jusqu'à l'entrée de la ville. L'autre marché informel qui a été plusieurs fois déplanté avant de réapparaître à chaque fois, quelques jours, voire quelques heures après que les éléments de sécurité déployés quittent les lieux, est celui situé à côté du marché couvert de la ville. Un véritable défi contre les commerçants légaux. En effet les commerçants au niveau du marché couvert ont a chaque fois exprimé leur colère quant à cette situation, soulignant qu'ils travaillent dans le cadre de la loi et s'acquittent de lourdes charges et des taxes alors que les vendeurs informels travaillent illégalement et ne payent ni loyer ni impôts, tout en choisissant de surcroît le lieu qui leur convient pour poser leurs étals. Il faut dire aussi que la plupart des citoyens préfèrent s'approvisionner en produits alimentaires ou en légumes et fruits au niveau des marchés informels plutôt que les marchés couverts ou légaux en raison des prix et des hausses incessantes que connaissent ces derniers par rapport au marché «noir» qui offre des produits à des prix nettement plus bas. Face à cette situation, les autorités locales affirment avoir pris des dispositions concrètes pour régler le problème. Il s'agit dans ce contexte de délocaliser les marchands, qui occupent actuellement les abords du marché couvert, pour les installer dans une nouvelle structure commerciale qui est en voie de réalisation. Les démarches nécessaires ont été entreprises pour récupérer une assiette foncière se trouvant au niveau du quartier Ben M'hidi. Par ailleurs, Au niveau de certains quartiers de la capitale, plus exactement la commune Mohamed Belouizdad (ex-Belcourt), le problème semble avoir été maîtrisé. L'informel au niveau de cette commune de l'algérois a duré pendant des années, il constituait l'un des points noirs de la capitale avec l'anarchie que les étals et les marchandises posées à même le sol ont créé. Il y a environ un an, les services de sécurité ont procédé à une éradication complète du commerce illégal à ce niveau. Cette opération avait pour but de finir définitivement avec le marché informel. Pendant ce temps, un marché de proximité était en voie de construction pour accueillir les marchands illicites dans le cadre de leur régularisation. C'est ce qui a été fait. L'APC de Belouizdad a ouvert le marché Makhloufi, situé rue Rouchai Boualem, à quelques pas de la station de métro du Hamma, au profit de 130 bénéficiaires pour la plupart des vendeurs de fruits et légumes, de vêtements et ustensiles. L'APC a laissé aux commerçants la liberté de choisir le moment qui leur conviendrait pour s'installer dans l'espace de vente Makhloufi. Celui-ci dispose de 60 locaux et de 70 étals et est géré directement par la municipalité. Les locaux de ce marché ont été attribués aux revendeurs qui avaient leurs «tables» aux abords du marché «Tnach». Nous nous sommes rapproché de l'APC de Belouizdad pour nous enquérir de la situation actuellement et pour savoir s'il y a eu des récidives de vendeurs informels. Le problème de l'informel a été éradiqué dans cette commune de manière «définitive» grâce au marché de proximité Makhloufi, selon les autorités locales de cette ville où le commerce prend une place importante. Certains citoyens regrettent que les pouvoirs publics n'aient pas pris en compte une vieille proposition d'intégrer les commerçants illégaux dans la sphère formelle en procédant à la réouverture des anciens espaces commerciaux, publics (Galeries et Souks El Fellah) à répartir dans un cadre organisé. Ceci permettrait selon eux d'éradiquer le marché informel et de créer de nouveaux postes d'emploi, grâce à la capacité de ces structures commerciales, relevant actuellement du ministère de l'Intérieur, à absorber le nombre important de jeunes qui activent au niveau des espaces informels. Ce n'est pas le cas du marché informel qui s'est emparé de la place des Martyrs, véritable point noir et fief du commerce illégal. De nombreux vendeurs illégaux placent leurs étals dans tous les coins de la rue, proposant ainsi différents produits alimentaires, cosmétiques, tissus et autres. Ce marché a fait l'objet de plusieurs interventions des services de la police, qui tentent à chaque fois de chasser les jeunes vendeurs qui occupent la rue quotidiennement. A chaque fois, un bras de fer est engagé entre les jeunes et les services de sécurité, les vendeurs refusant de quitter les lieux affirmant que ce travail est leur seule source financière et leur seul gagne-pain. De nombreux mécontents parmi les vendeurs à la sauvette réclament une solution alternative qui leur permet de gagner leur vie et de subvenir aux besoins de leur famille. Le rôle des collectivités locales dans l'éradication de l'informel et la régulation du marché est mis en exergue. La régulation du marché n'est pas du seul ressort du ministère du Commerce, les assemblées élues doivent s'impliquer davantage dans cette entreprise de régulation. Le rôle économique et commercial des APC est tout simplement inexistant, il ne subsiste que l'aspect administratif, alors que le rôle premier d'une assemblée élue est justement d'appliquer un programme économique pour lequel elle a été élue. Pour mettre fin au marché informel, une stratégie à long terme doit être mise en place, une stratégie qui englobe tous les acteurs concernés. Les responsables, les collectivités locales et même les vendeurs illégaux pour trouver un terrain d'entente qui satisfera toutes les parties. Une stratégie qui offre aux jeunes exerçant dans l'informel une alternative pour intégrer l'activité légale à travers leur régularisation. A. K.