Malik Boumati Les arts plastiques sont le parent pauvre de la culture en Algérie. Non seulement le marché de l'art est inexistant, mais cette discipline artistique doit vivre avec l'inexistence d'un public intéressé sans qui les arts plastiques ne peuvent vivre. A l'exception des anciens artistes peintres qui ont écrit l'histoire de cet art en lettres d'or, les jeunes restent méconnus du public et sont incapables de se faire connaître, tant les espaces d'expression sont réduits. Comment pourraient-ils se faire connaître quand on sait que les espaces d'exposition se limitent principalement à celles appartenant à l'Etat ? Et tout le monde sait, et les artistes encore plus, que la gestion par les institutions de l'Etat de questions culturelles et artistiques sont souvent incompatibles avec la vision des artistes, toutes disciplines confondues, qui ont toujours préféré la liberté d'agir à l'acoquinement avec une entité considérée, à tort ou à raison, comme antinomique avec la chose culturelle et artistique. Et comment pourraient-ils faire la promotion de leurs œuvres si les journalistes des rubriques culturelles sont incapables de rapporter le déroulement d'un vernissage, faute de formations spécialisées ? Il est cependant vrai que le souci des arts plastiques ne se limite pas à ces deux paramètres, aussi importants soient-ils. L'absence d'un public connaisseur et intéressé n'encourage pas les artistes peintres à persévérer ou tout au moins à insister sur l'organisation d'expositions qui, finalement, n'attireront pas grand-monde. Cette situation incommodante pour les artistes peintres à des répercussions certaines sur le marché de l'art puisque qui dit marché, dit argent et ce dernier ne court pas les rues désertes des arts plastiques. Et ce ne sont pas les artistes de la wilaya de Tizi Ouzou qui vont dire le contraire, eux qui dépendent d'une seule salle pour exposer leurs œuvres, celle de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri dont la disponibilité dépend de toutes les autres activités abritées par l'infrastructure tout au long de l'année. C'est à partir de là que l'on voit l'importance du secteur privé, seul capable d'investir dans la création de galeries d'art susceptibles d'accueillir des vernissages. Et l'existence d'un certain nombre de galeries d'arts dans une wilaya où les artistes peintres fleurissent peut indéniablement servir à la promotion de leurs œuvres et surtout au développement des arts plastiques. Mais dans une société où le public ne suit pas l'actualité des arts plastiques, les investisseurs potentiels ne sont pas prêts d'investir de grosses sommes d'argent avec la certitude que «l'affaire» ne marchera pas. Il faut probablement être un artiste et disposer de moyens pour se lancer dans cette aventure qui n'est pas sans risque. Mais ce risque, Mme Nadia Cherrak, artiste peintre ayant fait sa formation à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de la ville des genêts, a accepté de le prendre en ouvrant une galerie d'art en louant un local pour ce faire. Cette dame qui fait dans l'exposition-vente, organise aussi des rencontres conviviales qui regroupent régulièrement des artistes et des femmes et hommes de culture pour des discussions à bâtons rompus autour de toute question culturelle. Dans sa galerie, Mme Cherrak expose des toiles déposées par des artistes dans le but de les vendre. Et dans cette entreprise, il y a ce signe que la wilaya de Tizi Ouzou n'est pas le seul désert pour les arts plastiques et les artistes peintres, puisque les artistes qui sollicitent cette galerie pour exposer et commercialiser viennent de plusieurs wilayas du pays et même les plus éloignées. M. B.