Dix jours après son décès survenu le 5 décembre, Nelson Mandela le père de la nation arc-en-ciel sera inhumé aujourd'hui dans son village natal à Qunu. Après l'hommage qui lui a été rendu mardi dernier et après avoir été exposé trois jours au palais présidentiel à Pretoria, la dépouille de l'icône mondiale de la lutte contre l'apartheid s'est envolée hier vers midi à bord d'un avion de transport militaire, escorté par deux avions de chasse, depuis la base militaire de Waterkloof, près de Pretoria, en direction de Mthatha, à un millier de kilomètres au sud. à Mthatha, le convoi funéraire doit faire deux haltes dans la ville, afin de permettre à la foule de saluer son héros de retour sur la terre de ses ancêtres. Puis il doit prendre la route de Qunu, sur une trentaine de kilomètres, pour gagner la maison où Nelson Mandela avait passé ses dernières années avant d'être ramené à Johannesburg pour raison de santé. Les habitants de cette bourgade sont invités à former une haie d'honneur pour l'accueillir. Juste avant, le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud auquel le héros de la lutte contre l'apartheid a voué toute sa vie une fidélité sans faille, lui a offert un dernier hommage empreint de gravité. Célébré depuis une semaine par le monde entier, Nelson Mandela a quitté samedi Pretoria pour son dernier voyage vers la terre de ses ancêtres. Autour du cercueil, famille et personnalités du parti se sont regroupées pour ces adieux solennels. Mandla, l'aîné des petits-fils, en complet sombre, a longuement retracé la vie de son grand-père. «Ces derniers jours, je suis resté auprès de mon grand-père tandis que son corps était exposé», a-t-il dit, «j'ai vu son armée, j'ai vu son peuple, j'ai vu les Sud-Africains ordinaires, qui ont parcouru avec lui ce long chemin vers la liberté». En trois jours, de mercredi à vendredi, jusqu'à 100 000 Sud-Africains se sont inclinés devant la dépouille de Nelson Mandela exposée à Pretoria, quelques impatients ayant même débordé la police vendredi pour pouvoir poser un dernier regard sur leur héros. Mandla a raconté, en guise de souvenir, qu'il entendait dans son enfance les habitants des township crier «Amandla» (Pouvoir!) et «Viva Mandela!». «Je croyais que j'étais un enfant très populaire», a-t-il dit, arrachant un sourire à l'assistance et à la famille, dont l'épouse de Mandela, Graca Machel, 68 ans, et son ex-épouse Winnie Madikizela-Mandela, le visage marqué. Puis le président Jacob Zuma a pris la parole, insistant sur les qualités de leader du défunt, sa force de persuasion mais aussi sa capacité à pardonner. «La question, a dit Zuma, est : pouvons-nous produire à l'ANC d'autres Madiba ? (...) Nous avons besoin d'autres Madiba pour que notre pays puisse prospérer.» «Oui, nous sommes libres, mais le défi de l'inégalité demeure. La pauvreté demeure. Le chômage demeure, et c'est pourquoi notre défi à tous en mémoire de Madiba est de nous impliquer plus pour faire ce que Madiba a fait», a-t-il ajouté. Debout devant deux grandes affiches d'un Madiba tout sourire, surlignées des mots : «L'icône de notre lutte, le père de notre Nation», le président Zuma a ensuite entraîné l'assistance dans un long et profond chant en hommage à Mandela, selon la tradition sud-africaine. Dimanche matin, une cérémonie regroupant à Qunu environ 5 000 invités sera retransmise à la télévision. C'est après seulement que le corps prendra le chemin du petit cimetière familial, à quelques centaines de mètres. Mandela y sera inhumé auprès de ses parents et de ses trois enfants décédés. La famille a fait savoir que la mise en terre se ferait dans l'intimité la plus stricte. Aucune image télévisée ou photo ne sera autorisée. Là reposera enfin le dernier des grands hommes du 20e siècle. M. S./Agences