La dépouille mortelle de Nelson Mandela, mort le 5 décembre, est arrivée samedi à Qunu, le village de son enfance dans la province du Cap-Oriental, où elle a été acclamée par la population locale avec des chants et des danses. Dans un vacarme d'hélicoptères de la police tournoyant dans le ciel, le fourgon mortuaire transportant le cercueil du héros de la lutte contre l'apartheid est entré sous escorte de motards dans le hameau situé au milieu des pâturages de la province du Cap oriental. Des habitants ont entonné l'hymne national au moment où arrivait le cortège venu de l'aéroport de Mthatha, à 700 km au sud de Johannesburg. Tout au long du trajet, la foule massée le long de la route pour rendre un dernier hommage à "Madiba" applaudissait. Le premier président noir de la "nation arc-en-ciel" sera inhumé dimanche lors d'une cérémonie officielle en présence d'invités de marque étrangers avant d'être porté en terre dans le caveau familial selon les rites de son ethnie Xhosa et de son clan Thembu, avec les honneurs militaires. Ces trois derniers jours, quelque 100.000 personnes sont venues s'incliner et se recueillir sur sa dépouille, qui était exposée à l'Union Buildings, le siège du gouvernement, à Pretoria. Samedi matin, le cercueil, enveloppé du drapeau sud-africain, de "Madiba" a été transporté à bord d'un fourgon noir vers la base aérienne de Waterkloof, près de Pretoria, d'où un avion militaire a décollé en fin de matinée pour Mthatha. Des chants révolutionnaires de l'ANC, le Congrès national africain au pouvoir, ont retenti sur le tarmac où un nouvel hommage était rendu au "camarade Mandela", plus politique que les précédentes cérémonies. "PARS EN PAIX, TATA" "Pars en paix, 'Tata', tu as rempli ta mission", a dit le président sud-africain Jacob Zuma, employant le terme de la langue xhosa désignant le père. Rappelant le combat de Nelson Mandela contre l'apartheid, ses 27 années de prison, sa libération puis son investiture comme premier président noir de l'Afrique du Sud, il a ajouté: "Nous nous souviendrons toujours de toi." Jacob Zuma, sifflé et conspué mardi lors de l'hommage organisé au Soccer City Stadium de Johannesburg, a scandé le slogan de l'ANC lors des années de lutte: "Amandla" (Pouvoir). "Il nous faut d'autres 'Madibas' pour que notre pays puisse prospérer. Oui, nous sommes libres, mais les défis de l'inégalité demeurent", a poursuivi Jacob Zuma. La veuve de Nelson Mandela, Graca Machel, ainsi que son ancienne épouse Winnie Madikizela-Mandela étaient présentes pour cette hommage organisé par l'ANC, tout comme des représentants d'anciens mouvements de lutte, comme le MPLA angolais ou le Sinn Féin nord-irlandais. Depuis l'annonce de sa mort à l'âge de 95 ans, l'Afrique du Sud a vécu neuf jours d'une intense ferveur emplie d'émotion. Après la cérémonie d'hommage mondial organisée mardi à Soweto, sa dépouille a été solennellement exposée pendant trois jours à l'Union Buildings de Pretoria, le siège du gouvernement, où plus de 100.000 personnes ont patienté des heures avant un au-revoir intime. "J'ai vu son armée, j'ai vu son peuple, j'ai vu ces Sud-Africains ordinaires qui ont parcouru avec lui ce long chemin vers la liberté et je peux garantir aujourd'hui à l'ANC que l'avenir de ce pays sera brillant", a déclaré l'un de ses petits-fils, Mandla.