À trois semaines du référendum sur la Constitution en Egypte, un attentat a ensanglanté le pays dans la nuit de lundi, faisant au moins treize morts et une centaine de blessés. Selon le ministère de l'Intérieur égyptien, un camion chargé de plusieurs dizaines de kilogrammes d'explosif a explosé devant un bâtiment de la police à Mansoura, chef-lieu de la province de Daqahleya. Des sources sécuritaires ont précisé que le général Sami el-Mihi, chef de la sécurité de la province, avait été blessé tandis que deux de ses collaborateurs figuraient parmi les morts. L'explosion a été ressentie à quelque 20 kilomètres à la ronde, ont ajouté ces sources. La majorité des victimes sont des policiers, a précisé Omar al-Chaouatfy, le gouverneur de cette province située à une centaine de kilomètres au nord du Caire, dans le delta du Nil. Selon les correspondants de presse sur place, la façade de l'immeuble a été totalement soufflée et l'immeuble mitoyen s'est écroulé. Les autorités intérimaires dénonçant une tentative d'entraver la transition promise par l'armée lors de la destitution début juillet du président Mohamed Morsi, dont la première étape est un référendum constitutionnel prévu mi-janvier. Peu après cet attentat sanglant contre un bâtiment de la police dans le nord du pays, un conseiller du Premier ministre Hazem Beblawi affirmait à l'agence officielle Mena que le chef du gouvernement avait qualifié les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, d'«organisation terroriste». Cette déclaration, à forte portée politique à l'approche du référendum que les Frères musulmans ont appelé à boycotter, ne devrait toutefois pas entraîner de conséquences dans l'immédiat pour la confrérie, déjà interdite en vertu d'une décision de justice pour laquelle un appel au fond est encore attendu. Les nouvelles autorités dirigées de facto par les militaires accusent régulièrement la confrérie d'aider et de financer les auteurs des attaques contre les forces de l'ordre, quasi-quotidiennes depuis l'éviction du premier président élu démocratiquement d'Egypte le 3 juillet. Toutefois, Mena a ensuite publié des déclarations de M. Beblawi lui-même, dans lesquelles il n'accuse cette fois plus la confrérie directement. Il y réaffirme que «le terrorisme ne parviendra pas à entraver» la transition qui doit se terminer avec la tenue d'élections législatives et présidentielle mi-2014 et que «la poursuite des meurtriers se fera selon la loi», tandis que le président par intérim Adly Mansour a promis de «frapper le terrorisme d'une main de fer». «Il n'y a rien de surprenant à ce que Beblawi, le Premier ministre-marionnette de la junte militaire, décide d'exploiter le sang des Egyptiens innocents avec des déclarations incendiaires destinées à créer plus de violence, de chaos et d'instabilité», ont rétorqué dans un communiqué les Frères musulmans, condamnant «dans les termes les plus forts» cet attentat. Outre le Président, la quasi-totalité de la direction de la confrérie se trouve actuellement derrière les barreaux et fait l'objet de poursuites, en particulier pour la mort de manifestants. Les dirigeants du mouvement islamiste ont été arrêtés dans le cadre de la répression lancée par le pouvoir militaire qui a réprimé dans le sang les manifestants pro-Morsi. Une répression qui a fait à ce jour plus d'un millier de morts et des milliers d'arrestations. L'attentat a été condamné par la Ligue arabe et les grandes puissances. M. S./Agences