Les pouvoirs publics se sont fixés, ces dernières années, l'objectif d'assainir les activités commerciales informelles. De nombreuses mesures ont été ainsi prises par le ministère du Commerce en concertation avec celui de l'Intérieur et des Collectivités locales. Fin août 2012, les deux parties ont effectivement lancé une large opération d'éradication des marchés informels qui causaient des pertes financières à l'Etat, estimées à plus de 10 milliards d'euros par an, selon des données du ministère du Commerce. Des mesures ont été également prises pour le renforcement des circuits de distribution, notamment à travers l'aménagement des marchés de proximité. «L'alternative au marché informel sera les marchés de proximité. Les infrastructures programmées permettront la résorption de ce phénomène», disait Mustafa Benbada, le ministre du Commerce. Ainsi, pour résorber ce phénomène, une enveloppe de 14 milliards de DA, dont 10 milliards par le ministère du Commerce et 4 milliards de DA par celui de l'Intérieur, a été mobilisée pour mettre en place des espaces commerciaux réglementés au niveau des collectivités locales. Les besoins exprimés par les walis en matière d'infrastructures commerciales portent sur la nécessité de réaliser plus de 1 500 projets en plus des 1 597 déjà existants. La contribution à la réalisation de nouvelles infrastructures commerciales et au réaménagement de certaines structures existantes ont été donc pris en charge et un financement de 6 milliards de DA, sur les 10 milliards de DA octroyés au secteur au titre du programme quinquennal 2010-2014, a été dégagé par le ministère des Finances. Les pouvoirs publics ont même accordé des facilitations aux jeunes pour accélérer leur intégration dans le circuit officiel à travers, notamment, la délivrance d'une autorisation aux intervenants dans le commerce informel pour une durée de 3 ans, au lieu du registre du commerce, et une exonération d'impôts pendant 2 ans puis un taux d' imposition pour la première année de 25%, 50% pour la deuxième année et de 75% la troisième et dernière année. Des instructions ont été aussi données aux walis pour accélérer l'opération d'éradication du commerce informel et intégrer les intervenants dans ce circuit dans le réseau officiel d'ici à mai 2013. A Alger, à titre illustratif, une enveloppe de 520 millions de dinars a été dégagée pour la réalisation des marchés confiés de gré à gré à l'entreprise Batimetal, à la faveur desquels pas moins de 680 commerçants devraient être intégrés. Ce projet devrait, à terme, créer 17 marchés répartis dans les communes d'El Harrach, Réghaïa, Bab Ezzouar, Mohammadia, Bourouba, Bachdjarah, Birtouta, Tessala El Merdja, Kouba, Belouizdad et Sidi M'hamed. Le groupe Batimetal, qui est une filiale de la SGP Construmet, devait livrer au niveau national 330 marchés couverts, 3 000 box de commerce, 2 500 unités commerciales mobiles (tables de marché) avant fin juillet 2013, dans le cadre de la résorption du commerce informel. Le bilan officiel de l'opération Selon les statistiques communiquées par la direction générale de la régulation et de l'organisation des activités, au ministère du Commerce, à fin octobre dernier «833marchés informels ont été éradiqués sur les 1 368 existants et 17 577 sur les 40 000 intervenants dans ces marchés ont été redéployés dans de nouveaux marchés de proximité». Près de 1 000 structures alternatives ont été réalisées pour absorber le nombre de commerçants exerçant illicitement, d'après la même source laquelle fait part d'une élimination de 80% de ces marchés informels. Les statistiques avancées par le ministère du Commerce reflètent-elles la réalité ? L'informel est toujours là Certes, depuis le lancement, en 2012, de l'opération de résorption des marchés informels, une partie a été éradiquée ou régularisée, mais il suffira d'une virée à travers quelques marchés pour voir que ce phénomène est loin d'être éradiqué à 80%. Dans la capitale, à proximité des marchés, des hôpitaux, sur les trottoirs ou les passerelles, les marchands illicites ne quittent pas les lieux et s'ils le font ce n'est qu'au moment de passage de la police. Les marchés informels de Meissonnier, la place des Martyrs, Bab El Oued, Baraki et de Aïn Benian, existent toujours. Pire encore, certaines wilayas n'ont même pas été concernées par cette opération, à l'instar de la wilaya de Skikda où aucun marché n'a été éradiqué, selon le secrétaire général de l'Ugcaa, Salah Souilah. Ainsi, l'informel est toujours là et son éradication définitive n'est pas pour demain. C'est d'ailleurs ce qu'a laissé entendre dernièrement le ministre du Commerce devant les députés dans le cadre de l'examen du projet de loi amendant et complétant la loi 2004 relative aux conditions d'exercice des activités commerciales. Le ministre du Commerce avait ainsi reconnu les défaillances du gouvernement dans l'application de la décision portant éradication du marché informel en l'absence d'infrastructures qui pourraient absorber cette activité. A noter que le marché parallèle représente 70 000 commerces illégaux, ce qui équivaut entre 30 et 70% de l'économie algérienne. Un phénomène difficile à éliminer malgré toutes les bonnes volontés et les mesures mises en place. B. A.